L’historien Herrick Chapman retrace avec précision les moteurs et caractéristiques de la reconstruction républicaine et économique en France après 1944, ainsi que ses rejets. L’ouvrage cède toutefois en conclusion à une mystique de la puissance de l’État et de la planification.
La science repose sur une conception matérialiste de la nature qu’elle est inapte à justifier. Même les neurosciences ne peuvent rendre compte de la vie de l’esprit en invoquant la seule matière. Thomas Nagel en appelle à un changement radical dans notre manière de concevoir la rationalité.
Face à la difficulté à s’accorder sur une définition du populisme, un ouvrage revient de manière critique sur les fondements de cette idéologie opposant un « peuple pur » aux « élites corrompues » et dresse un panorama de ses manifestations à travers le monde.
Pour expliquer le constat d’un échec scolaire plus important des élèves issus de l’immigration, M. Ichou propose de prendre en compte les caractéristiques pré-migratoires des familles. En s’appuyant sur des données et des méthodes originales, il pose de solides fondations pour renouveler le débat.
Une nouvelle ère du capitalisme s’est ouverte, où les entreprises cherchent par tous les moyens à connaître, prévoir et modifier les comportements des individus. S. Zuboff signale les menaces qui en résultent pour l’autonomie individuelle et la souveraineté démocratique.
Dans l’œuvre de Lévi-Strauss on trouve les éléments d’un « manifeste anthropo-écologique ». S. D’Onofrio les réunit et présente l’émergence de l’anthropologie structurale comme une réponse aux excès catastrophiques de la civilisation occidentale.
À contre-courant de la conception essentialiste des trans comme « nés dans le mauvais corps », Miquel Missé propose une sociologie du corps qui souligne le poids des normes sociales.
Face à l’Anthropocène, la philosophe Virginie Maris défend une conception forte de la nature sauvage. Critiquant les évolutions récentes de la pensée environnementale, elle invite à résister contre son recentrement en cours vers un monde humain et seulement humain.
Ni imitation, ni citation, ni plagiat, l’emprunt joue un rôle essentiel dans la création artistique, rarement étudié en tant que tel. Un ouvrage se penche avec érudition sur le cas du compositeur Olivier Messiaen, grand emprunteur devant l’Éternel.
Comment expliquer en féministe que certaines femmes acceptent la domination masculine ? Ce n’est pas un choix, mais un « consentement actif », selon Manon Garcia qui se place dans la lignée de Simone de Beauvoir.
En renseignant les divers biais dont sont victimes les individus, l’économie comportementale se propose de devenir la nouvelle langue véhiculaire des économistes et de promouvoir des instruments de politiques publiques efficaces (les nudges). Regards croisés d’économiste et de sociologues sur la question.
Nathan Marcus retrace l’histoire de la reconstruction, monétaire, financière, identitaire et politique de l’Autriche – sous tutelle européenne – après la Première Guerre mondiale : une histoire dramatique qui fait écho au présent.
L’inclassable Charles Péguy serait-il, finalement, un philosophe ? C’est la thèse que défend Camille Riquier, qui rassemble dans l’œuvre et l’existence (indissociablement liées) de l’écrivain les éléments d’une philosophie de l’action, en marge des systèmes.
Dans la cité grecque, l’historien Josiah Ober voit un modèle de démocratie élémentaire : la participation politique du peuple n’y est pas accompagnée des idéaux libéraux modernes, et le monde non-occidental peut et doit s’en inspirer.
La parution des écrits complets d’André Bazin (1918-1958) est un événement considérable pour la critique d’art. Hervé Joubert-Laurencin, qui a présidé à ce monumental travail d’archives, rappelle dans cet entretien ce qui fait la particularité de celui qui se définissait comme un sociologue du cinéma et qui fut, avant tout peut-être, un écrivain de premier plan.
Quel espace se crée entre une œuvre musicale et son auditeur ? Au-delà des questions de spatialisation du son, l’espace acoustique conceptualisé par Anne Boissière fait une place à la dimension affective de l’écoute. Il est le lieu d’un mouvement qui est aussi une manière d’être saisi par l’œuvre.
Le fascisme italien a indéniablement été un totalitarisme – il en a notamment présenté la violence et l’ambition de transformer l’homme à toute force, caractéristiques de ce type de régime. Il reste plus difficile de circonscrire la doctrine fasciste qui s’est élaborée a posteriori.
L’écologie aussi connaît un tournant décolonial. Les travaux – inédits en français – de l’anthropologue Arturo Escobar montrent comment les luttes des indigènes et les mouvements de libération en Amérique latine apprennent à lutter de façon réaliste contre le néolibéralisme, et à favoriser un usage responsable des ressources.
Le propre du totalitarisme est de corrompre le langage et les usages : on dit une chose, on en pense une autre. Le régime cubain n’échappe pas à la règle : on peut tout sous son toit, rien dans la rue. Vincent Bloch, qui connaît l’argot havanais comme sa poche, brosse un portrait édifiant de l’homo cubanus.
La société grecque de l’Antiquité était bien plus inégalitaire et hiérarchisée que l’idée de démocratie le donne à penser. Il valait mieux y être homme, riche et citoyen.
En retraçant les voyages en Europe d’un commis de librairie, l’historien Robert Darnton confirme le rôle des médiateurs dans la diffusion et la production des Lumières. Il montre aussi que les transactions les plus concrètes se prêtent à une histoire matérielle qui fait sa place au commerce des hommes.
Et si notre croissant désir de fiction avait pour moteur un goût de l’imposture ? Maxime Decout mène l’enquête, et révèle quelle puissance ludique – mais aussi didactique et morale – recèle la littérature, des classiques du roman policier aux mondes virtuels.
Lorsqu’une personne nous dit quelque chose, est-ce que nous croyons ce qu’elle nous dit ou est-ce que nous la croyons, elle ? R. Moran pose la question et nous permet de nous interroger sur ce que signifie ne pas être cru.
Nikolaus Wachsmann pose les fondations d’une histoire totale des camps de concentration, aussi attentive à leur rôle au sein du régime nazi qu’aux logiques de leur fonctionnement quotidien. Il y retrace la trajectoire qui les a conduits de la violence à la torture, de la torture à la mort et finalement de la mort à l’extermination.
À la fin du XIXe siècle, aux confins des États-Unis et du Mexique, un esclave a pu devenir millionnaire en passant maître dans l’invention de soi. La vie extraordinaire de ce caméléon permet à Karl Jacoby d’écrire un brillant plaidoyer pour une histoire sans frontières géographiques ni raciales.
Pour comprendre l’Anthropocène, explorons le Moyen Âge. C’est l’invitation que lance l’historien Sylvain Piron. Déroutant par la façon qu’il a de multiplier les pistes, le livre trouve sa force et son originalité dans la mobilisation critique de l’économie des scolastiques.
Le populisme, explique Ch. Mouffe dans un manifeste, est une stratégie pour conquérir le pouvoir qui consiste à opposer le peuple aux élites afin de lutter contre l’hégémonie néolibérale. Mais cette stratégie tourne délibérément le dos à tous les principes qui ont construit la démocratie moderne.
L’épuisement des ressources halieutiques mondiales ne résulte pas tant d’évolutions anarchiques qui affecteraient les océans que de politiques concertées, appuyées par les États, d’industrialisation de la pêche et de maximisation des captures. Au cœur de cette prédation, des armadas de bateaux-usines…
Au nom de la « légitime défense d’État » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, on assiste à une extension significative des pouvoirs de la police. L’étude de V. Codaccioni permet de comprendre à la fois la baisse des meurtres racistes et sécuritaires et l’augmentation récente des morts par violences policières.
P. Desan défend une lecture hypercontextuelle de Montaigne, afin de comprendre les Essais à travers la situation, historique et politique, dans laquelle ils ont été écrits. Montaigne devient ainsi un objet pour les sciences sociales.
Au fil des crises sévères survenues ces dix dernières années, l’Europe a indéniablement montré sa capacité à faire face à l’imprévu. En improvisant, elle est devenue un acteur politique à part entière : telle est l’analyse optimiste et vivifiante que le philosophe Luuk van Middelaar livre à quelques mois des élections européennes.
Dans une grande fresque sur le développement des inégalités de la préhistoire à nos jours, l’historien Walter Scheidel soutient que seule la violence a pu rendre les sociétés plus égalitaires. Une étude érudite mais limitée aux seules inégalités économiques et à un ou deux indicateurs par trop simplistes.
Le sol des villes est partout et gravement pollué, du fait d’activités industrielles aujourd’hui disparues. Une pollution invisible et indifférenciée, qui vient apporter une nuance de taille aux théories de la justice environnementale.
Souvent allumé du matin au soir, le petit écran rythme plus que jamais la vie quotidienne des classes populaires. Mais que font les individus des images et des personnages qu’ils reçoivent ainsi tous les jours à leur domicile ?
Georg Simmel, disparu il y a un siècle, est un classique de la sociologie, mais on ne prête guère attention à l’inventivité philosophique dont il a fait preuve. Toute son œuvre tend à à une redéfinition de la métaphysique, attentive à la complexité des choses.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, artistes et intellectuels sont convaincus que la création a un rôle déterminant à jouer dans la reconstruction du monde. Paris renaît entre art et philosophie, liberté sexuelle et utopie politique.
Comment se déprendre du fonctionnement médiarchique qui tend à écraser toute singularité au nom de la communauté ? Heureusement le monde, signale Yves Citton, n’est pas encore réduit à un ensemble de données soumis au calcul des intelligences artificielles.
Nous ne sommes pas tous également exposés aux effets du changement climatique. Les plus pauvres et les générations futures sont les principales victimes d’un réchauffement auquel les pays développés ont grandement contribué. D’où un problème moral et politique rarement pris en considération.
Comprendre la radicalité religieuse implique d’aller au-delà de l’association entre précarité et délinquance. L’attention doit plutôt se porter sur les configurations familiales, le lien avec les institutions et les trajectoires scolaires ou la socialisation entre pairs.
L’ethnologie française s’est longtemps distinguée par sa préoccupation pour les cultures matérielles, la conduisant à développer la forme muséale. Le Musée d’ethnographie du Trocadéro connaît un véritable âge d’or entre les années 1928 et 1937.