« Sur les bords du Taedong », Valérie Gelézeau (2013)

Essai International

Leçons nord-coréennes


par & , le 11 novembre


Comment faire du « terrain » en Corée du Nord ? La fermeture du pays, la surveillance d’État, l’instrumentalisation entravent certes la recherche, mais elles obligent aussi à poser des questions de méthode, pour enrichir le protocole et l’engagement scientifiques.

Traditionnellement, les sciences humaines et sociales fondent leurs recherches à partir de données collectées sur le « terrain », expression désignant un ensemble de méthodes d’enquêtes réalisées sur place et directement. Or « faire du terrain » en République populaire démocratique de Corée (ci-après Corée du Nord) est considéré comme impossible par la sagesse populaire, qui déborde jusque dans les cercles scientifiques.

En effet, il est admis qu’on ne peut « rien voir » dans ce pays. Comme s’il y avait une « réalité » à voir ou à découvrir en Corée du Nord – et non des processus sociaux à essayer de décrypter. Comme si nous étions des explorateurs devant un espace à conquérir – et non des chercheurs et chercheuses devant des faits à interpréter. En bref, la Corée du Nord nous ferait retomber dans une forme de positivisme qui appartient à l’enfance des sciences sociales.

Comment donc « faire du terrain » en Corée du Nord ? Qu’est-ce que cela nous apprend sur les sciences humaines en général ? Nous souhaitons partager ici une expérience d’une vingtaine d’années, qui nous a permis de revisiter la méthode des sciences sociales, aussi bien que notre manière de penser le terrain [1].

Sur les bords du Taedong
Le samedi après-midi, des Pyongyangais pêchent sur les bords du fleuve Taedong, en face des tours de Changjon Kori, un quartier résidentiel construit en 2012. La photo est prise depuis la place du monument aux Idées du juche (idéologie nationale de la Corée du Nord).
Photo : Valérie Gelézeau, 2013. Dessin : Sun Mu, stylo bille sur feuille A4, 2021.

Pourquoi enquêter en Corée du Nord ?

Disons-le d’emblée : la plupart du temps, nous sommes accompagnés par des « guides », sans pouvoir travailler comme bon nous semble, ce qui n’a rien d’agréable. Aller en Corée du Nord constitue même pour nous, spécialistes d’études coréennes connaissant la Corée du Sud depuis plusieurs décennies, une forme d’épreuve émotionnelle et psychologique. Alors, pourquoi ?

Nos premières missions en Corée du Nord, dans les années 2000, répondaient à une nécessité épistémologique : dans la perspective des aires culturelles, qui implique de déplacer la pensée là où se situent la recherche et l’usage de matériaux primaires en langue vernaculaire, faire des études coréennes en limitant le travail à la République de Corée (ci-après Corée du Sud) n’était plus suffisant. Notre approche est donc mue moins par le désir de connaître la Corée du Nord (que nous connaissions déjà bien du point de vue sud-coréen, la recherche sur le Nord étant bien développée au Sud) que par celui, fondamental, de faire de la recherche critique sur la Corée du Nord, donc en Corée du Nord, voire avec la Corée du Nord. Dans cette perspective, quelles que soient leurs conditions, nos voyages professionnels là-bas constituent déjà une expérience et un outil scientifiques.

Nos travaux sur la Corée du Nord s’inscrivent dans le tournant épistémologique des études coréennes, marqué en France par leur « dé-sud-coréanisation ». Un exemple parmi tant d’autres pour les coréanologues, nourris d’une histoire territoriale « sudiste » et donc ayant appris autrefois que le « premier » royaume unifié de la Corée était celui de Silla (centré autour de la capitale Kyŏngju, aujourd’hui Gyeongju, ville de l’actuel Sud) : réaliser que le discours « nordiste », soulignant l’importance du royaume médiéval concurrentiel postérieur du Koryŏ, centré quant à lui autour de capitales du Nord (aujourd’hui Kaesong et Pyongyang), était tout aussi fondé.

Le titre, pourtant très simple, d’un enseignement comme « Géographie culturelle de la Corée », est intraduisible en coréen. En effet, il n’existe pas dans cette langue une seule manière de dire « la Corée », mais plusieurs : les deux formes contemporaines du coréen imposent de se situer idéologiquement soit au Sud, soit au Nord. Si ces questions d’histoires parallèles et de discours multiples sont bien analysées par les sciences sociales, c’est une chose d’en faire l’expérience directe. En l’occurrence, la péninsule coréenne constitue un magnifique laboratoire d’expérimentation.

C’est d’abord pour traverser le « mur dans les têtes » (déjà signalé à propos de l’Allemagne [2]) qu’il était nécessaire d’aller faire du terrain en Corée du Nord. C’est aussi pour ne pas cantonner nos travaux à ces recherches de sciences humaines qui se contentent d’études documentaires et d’archives à distance.

Une ruelle commerçante dans le quartier de Kaeson-dong
Cette ruelle se situe dans le centre-ville de Pyongyang, non loin de l’Arc de Triomphe. Les bâtiments avoisinants sont des bâtiments commerciaux avec restaurants et boutiques à tous les étages, comme le signalent les trois panneaux visibles (siktang, restaurant ; sangjŏm, commerces).
Photo : Valérie Gelézeau, 2013. Dessin : Sun Mu, stylo bille sur feuille A4, 2021.

Une enquête « sous contraintes »

Les conditions d’un terrain en Corée du Nord sont celles d’un terrain « difficile » ou « fermé » (de multiples qualificatifs existent [3]), caractéristiques des pays non démocratiques où les entrées des étrangers sont filtrées et contrôlées par l’État et ses émanations [4]. Cette situation de terrain implique des difficultés spécifiques avant, pendant et après (nous parlons ici des missions scientifiques, car, jusqu’à la pandémie de covid, et contrairement aux croyances, il était assez facile d’aller en Corée du Nord pour un voyage touristique, en s’adressant à des agences spécialisées).

Avant la mission, l’accès dépend d’autorisations, qui impliquent de recevoir l’invitation d’une institution nord-coréenne et de négocier, en amont, un programme de visites. Soulignons ici la complexité de la logistique (par exemple, l’achat des billets d’avion, qui ne peut se faire sur Internet), tout autant que l’incertitude des autorisations. Côté nord-coréen, la réception des visas se fait en général au dernier moment. Côté français, les restrictions sont liées, pour les agents publics que nous sommes, soit à la situation politique (en période de résurgence de la crise nucléaire ou de grandes tensions internationales, les missions peuvent être suspendues), soit à la question des risques encourus, qui rend toujours incertaine l’obtention des ordres de mission. Sous oublier, bien entendu, les sanctions imposées par l’ONU, qui bannissent certaines activités avec la Corée du Nord.

Sur place, nous sommes toujours accompagnés par des guides et des interprètes : la conduite d’enquêtes qualitatives fondées sur l’observation participante et l’interaction avec des personnes par questionnaire ou entretiens n’est pas possible. Quant aux statistiques et données quantitatives, elles sont en général soit inaccessibles, soit issues des librairies auxquelles nous avons accès, et dont la plupart des livres et documents se trouvent aussi en Corée du Sud, dans le Centre de documentation sur la Corée du Nord (actuellement au sein de la Bibliothèque nationale à Séoul).

Au retour surviennent les complexités de restitution de nos missions, en raison de la lenteur et des difficultés de communication avec nos partenaires nord-coréens sur des sujets concernant, par exemple, l’usage des photographies ou des données personnelles. Compte tenu du contexte politique nord-coréen, il est absolument nécessaire d’être vigilants, afin que ni nos partenaires sur place ni les membres de nos équipes (dont tous vont également, et encore plus régulièrement, en Corée du Sud) ne soient mis en danger.

Ce que nous décrivons ici, c’est donc une situation de recherche  : depuis le tournant anthropologique, nous savons que le terrain n’est jamais objectif ni transparent, et que tous les faits sont des constructions et des interprétations. Parfois, les données les plus précieuses résident dans les marges et l’entre-deux des observations. Comme le décrit Philippe Descola dans Les Lances du crépuscule (1994), le terrain est aussi une question d’instrumentalisation et de négociation réciproques entre les « enquêté.e.s » et les « chercheuses/chercheurs ». Surtout, le travail de terrain ne peut fonctionner si l’autre est objectifié ou réifié. Même si l’interaction humaine est souvent restreinte en Corée du Nord, elle a lieu, avec nos collègues et nos guides. Tout ceci confirme que le terrain n’est pas une donnée brute, mais une co-construction. La position scientifique à adopter, dans ce cas, est une attitude réflexive comprenant le terrain comme processus.

Ainsi, un terrain ne constitue en aucun cas cette idée romantique, naïve et positiviste d’un champ « à découvrir », comme en archéologie. C’est littéralement un champ à travailler, par une démarche complexe inscrite dans la temporalité : aucun travail de terrain n’est immédiat. Il implique l’engagement, voire la transformation, des chercheurs eux-mêmes.

Mais concrètement, qu’est-ce à dire ? L’expérience des voyages en Corée du Nord nous a permis, dans cette situation de terrain spécifique, de mettre en place un protocole qui peut se résumer par la notion d’« engagement scientifique ».

Visite du monument aux Idées du juche
Cette tour symbolisant la philosophie d’État de la Corée du Nord, avec sa flamme rouge brillant au-dessus de la capitale, est un incontournable des visites touristiques de Pyongyang. Nos collègues et accompagnateurs nord-coréens montrent bien comment la monumentalité impose un ordre scopique particulier au corps des visiteurs, comme « écrasés » par le discours idéologique porté par l’architecture.
Photo : Benjamin Joinau, 2013. Dessin : Sun Mu, stylo bille sur feuille A4, 2021.

L’engagement scientifique

Dans la mesure où nous nous rendons en Corée du Nord en tant que scientifiques, notre approche fondamentale implique le partage de nos sujets et méthodes de recherche pour travailler « avec » nos collègues de Corée du Nord, exactement comme nous le ferions avec d’autres collègues dans d’autres pays.

Au fur et à mesure des voyages, entre 2007 et 2018, nous avons pu, en équipe, d’une part cibler des partenaires pertinents et, d’autre part, diversifier les contacts, passant de contacts génériques avec l’Académie des sciences nord-coréenne ou le Comité d’échange et de relations culturelles avec l’étranger à des échanges directs avec des collègues. Nous avons ainsi pu repérer deux spécificités nord-coréennes : un accent mis au niveau académique sur les sciences « dures » ou d’application, et le verrouillage des sciences sociales par des savoirs pratiques et l’idéologie du juche, qui considère la société nord-coréenne comme parfaite, donc ne nécessitant pas l’apport de ces disciplines.

Cela nous oblige à nous positionner différemment, ce qui constitue un exercice de décentrement toujours intéressant. Cela entraîne en outre une demande de nos collègues nord-coréens pour des échanges et formations dans nos disciplines, ce qui crée une dynamique transactionnelle entre nous : d’une enquête unilatérale, nous pouvons nous diriger vers un échange de bons procédés.

C’est grâce au projet City-NKor « Ville, architecture et urbanisme en Corée du Nord » (2017-2023) [5] que nous avons mis progressivement en place cette posture d’engagement fondée sur la suspension du jugement et centrée sur l’échange savant. Cette posture se distingue donc profondément de l’engagement économique et culturel qui est théorisé dans les relations internationales et qui implique, de manière explicite ou non, un but politique (celui de modifier les relations internationales, voire de transformer la politique interne des pays récepteurs de l’engagement, comme cela a été le cas dans la conception sud-coréenne de la « politique du Rayon de soleil » appliquée entre 1998 et 2008).

Nous n’avons pas d’autre intention que de trouver des sujets de recherche communs, des espaces d’échange et de discussion de nos recherches. Notre objectif se limite à essayer de comprendre la société nord-coréenne. Dans la conduite des projets, la définition de thèmes communs a été cruciale. L’expertise du Centre Corée de l’EHESS sur les questions urbaines a permis de décliner des sujets dans ce champ, en interagissant avec des architectes qui avaient été formés en France dans les années 2000. Pour ces collègues, mais aussi les géographes de l’université Kim Il Sung, la question du développement durable est cruciale – orientations fondamentales qui viennent de décisions gouvernementales.

Avant de mettre en place des enquêtes, nos voyages sont donc d’abord des missions scientifiques où nous exerçons nos activités de chercheuses et de chercheurs : participations à des colloques et séminaires, enseignement, réseautage professionnel, etc. C’est là que le terrain se déploie et se construit, avec la transformation progressive du contexte de nos missions.

Depuis 2016, en effet, nous sommes en relation directe avec les institutions, ce qui simplifie l’organisation des missions (et réduit les coûts) et permet même de combiner l’accueil de plusieurs institutions – ce qui nous avait été présenté comme impossible au départ. En conséquence, les fameux « guides » sont des collègues que nous connaissons depuis longtemps, et non plus les intermédiaires génériques du début. Comme nous parlons coréen, nous n’avons plus de traducteurs, mais travaillons directement « entre les langues ». C’est l’une des bases fondamentales de la recherche située des études aréales (ou aires culturelles).

De nouvelles manières de travailler

Progressivement, nous avons mis en place de nouvelles manières de travailler, fondées sur l’alternance des visites entre Paris et Pyongyang pour, en action, « ouvrir le terrain » ici et là-bas. Déplacer ce terrain, en organisant l’accueil des collègues à Paris, a permis d’opérer plusieurs choses. D’abord, le renversement de la situation d’expérience : ce n’était plus nous qui étions la délégation accueillie et eux les accompagnateurs en Corée, mais eux les visiteurs et nous les accompagnateurs. Une fois en Corée, il a été plus facile d’expliquer ce que nous souhaitions faire – par exemple, des promenades urbaines que nos collègues avaient trouvées intéressantes à Paris, ou encore des exposés sur site.

Le déplacement du terrain permet aussi des discussions pratiques, en situation. La visite d’une ZAC parisienne et un exposé sur les méthodes de rénovation urbaine en France, ou celle d’un théâtre classique parisien et une discussion sur les problématiques de régulation thermique dans ce type d’espace public font surgir les réalités urbaines de Pyongyang, par les questions que posent nos collègues sur ce qu’ils observent – c’est le mouvement comparatif à l’œuvre [6]. Cela prouve que le terrain n’est pas un espace externe d’investigation, mais un processus interhumain et diachronique visant à la compréhension de faits sociaux.

Quant à l’échange en séminaire, particulièrement riche, nous l’avons mis en pratique dans plusieurs configurations : ateliers en France, séminaire restreint à Pyongyang, cours à Pyongyang devant des étudiants et collègues avec qui nous n’avions pas d’autres interactions. Par exemple, un séminaire sur les cartes mentales nous a permis de mieux connaître les techniques d’enquête mises en œuvre par les urbanistes nord-coréens et de confirmer qu’une partie de la science occidentale pénétrait en Corée du Nord par la médiation chinoise. Cela nous a aussi montré que des méthodes d’enquête non verbales, sollicitant des formes jugées idéologiquement inoffensives comme le dessin, permettaient de contourner les limites propres à la surveillance d’État nord-coréenne, intériorisée par nos interlocuteurs.

De la même manière, nous avons essayé de nous distancier du régime scopique propre à Pyongyang, un lieu de pouvoir mobilisant ad nauseam l’attention visuelle qui a pour conséquence une « fétichisation » du voir et une surinterprétation des choses vues. Les cours que nous avons donnés à l’Université d’architecture de Pyongyang ont également donné lieu à des discussions montrant combien les villes nord-coréennes s’inscrivent dans les mouvements globaux (par exemple la « gentrification », phénomène évidemment existant en Corée du Nord, mais encore impensé dans ces termes). Ou, au contraire, on mesure la distance qui les sépare : la question du community building, problème central dans les villes sud-coréennes et occidentales, marquées par le délitement des liens sociaux, était une problématique intraduisible parce qu’inconcevable dans un pays où l’individu est inséré toute sa vie dans un réseau de communautés contraignantes.

Il reste que ce terrain implique beaucoup de frustrations, souvent des conflits et des crises avec nos partenaires – sa difficulté réside peut-être moins dans ses aspects pratiques que dans les conséquences, notamment émotionnelles, pour les scientifiques. Il existe une littérature savante sur ce sujet, et il faut reconnaître l’existence des émotions « difficiles » (peur, colère, frustration) qu’entraîne, lors des voyages, la confrontation avec les limites qui nous sont imposées, l’impossibilité de pratiquer des enquêtes librement, voire la violence du système ou le risque d’être instrumentalisés par le politique.

En même temps, par notre présence sur le terrain, nous contribuons à la déconstruction de cet « anti-monde » qu’est la Corée du Nord, fabriqué aussi bien par le régime lui-même que par la communauté internationale. Boycotter la recherche sur la Corée du Nord contribue à renforcer l’ignorance, la méconnaissance, donc la fabrique de cet « anti-monde », tout en accroissant le risque global. Compte tenu des difficultés à développer des politiques stratégiques et diplomatiques vis-à-vis de la Corée du Nord, n’est-il pas aussi important (et nécessaire) d’aller y faire du terrain ?

Une petite boutique dans un cœur d’îlot (Pyongyang centre)
Ce dessin montre des petites boutiques de cœur d’îlot dans l’arrondissement central (Chung-kuyok) de Pyongyang, ces « magasins de peu » qui offrent leurs services, loin des yeux des touristes, aux habitants de ces complexes intégrés (habitation, manufacture, magasins, école) – ici, un cordonnier et un réparateur de cycles.
Photo : Benjamin Joinau, 2013. Dessin : Sun Mu, stylo bille sur feuille A4, 2021.

Laboratoire des sciences sociales

Bien plus qu’un terrain impossible, il nous semble donc que la Corée du Nord est un véritable laboratoire d’expériences dans un monde où non seulement l’idée d’un terrain parfait constitue une illusion, mais encore où les déséquilibres géopolitiques croissants (guerres, régressions démocratiques) rendent la pratique du terrain de plus en plus complexe.

Face à cela, les leçons nord-coréennes sont précieuses : la patience et l’engagement pour ouvrir le terrain ; l’« aïkido scientifique » qui invite à s’adapter et à aller dans le sens des contraintes pour en tirer sa matière ; l’alignement avec nos intentions scientifiques et nos valeurs, surtout quand nous avons l’impression d’être instrumentalisés par le système nord-coréen ; enfin, une forme d’empathie, conjuguée à la suspension du jugement, pour garder l’esprit ouvert et capable de recevoir les informations qui arrivent sans en figer l’interprétation.

Bien sûr, les écueils sont nombreux, et nous sommes loin d’avoir pu appliquer parfaitement ce que nous préconisons. Il y a eu beaucoup de ratés et d’erreurs ; mais cela aussi fait partie de la recherche. Il reste que cette approche du terrain nous a donné une résilience épistémologique : au lieu d’abandonner l’envie de comprendre, elle nous a permis de continuer notre enquête en Corée du Nord, avec les Nord-Coréens – que nous espérons pouvoir poursuivre.

Les études nord-coréennes permettent de théoriser et de complexifier la notion de « terrain » en sciences humaines et sociales, en luttant contre les tentations néo-positivistes et, surtout, en inventant de nouvelles manières de faire adaptées à un monde qui se ferme.

par & , le 11 novembre

Aller plus loin

Illustrations
Ces illustrations font dialoguer nos photos de terrain avec les dessins du peintre Sun Mu, originaire de Corée du Nord et installé en Corée du Sud depuis une trentaine d’années (voir sunmuart.com). Ce projet a fait l’objet d’une exposition en 2024 (https://www.humatheque-condorcet.fr/fr/agenda-de-lhumatheque/pyongyang-vue-de-pres).

Pour citer cet article :

Valérie Gelézeau & Benjamin Joinau, « Leçons nord-coréennes », La Vie des idées , 11 novembre 2025. ISSN : 2105-3030. URL : https://booksandideas.net/Lecons-nord-coreennes

Nota bene :

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Notes

[1Voir Valérie Gelézeau et Benjamin Joinau (dir.), Faire du terrain en Corée du Nord. Écrire autrement les sciences sociales, L’Atelier des cahiers, 2021.

[2CHE Hélène, “OSSI/WESSI. Permanence du discours sur l’Autre en Allemagne”, Mémoire(s), identité(s), marginalité(s) dans le monde occidental contemporain, n°18, 2017.

[3Voir par exemple BOUMAZA Magali, CAMPANA Aurélie, «  Enquêter en milieu “difficile”  », Revue française de science politique, 57 (1), 2007, p. 5-89  ; HOUSSAY-HOLZSCHUCH Myriam, «  Géographies de la distance : terrains sud-africains  », in Thierry Sanjuan (dir.) Carnets de terrain. Pratique géographique et aires culturelles, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 181-195  ; ALDRIN Philippe et al., L’Enquête en danger. Vers un nouveau régime de surveillance dans les sciences sociales, Paris, Armand Colin, 2022.

[4GENTILE Michael & KOCH Nathalie (eds.), 2013, Field methods in ‘closed context’ : undertaking research in authoritarian states and spaces, numéro special de la revue Area, mars 2013.

[5Projet du Centre de recherche sur la Corée de l’EHESS, soutenu par l’Agence nationale de la recherche (https://citynkor.hypotheses.org/).

[6REMAUD Olivier, SCHAUB Jean-Frédéric, THIREAU Isabelle, Faire des sciences sociales. Vol. 3 : Comparer, Paris, éditions de l’EHESS, 2012 (OpenEdition 2015).

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