Peut-on produire un récit alternatif à la stigmatisation sociale des périphéries des grandes villes ? À la croisée de l’histoire populaire et des arts urbains, l’exposition du musée national de l’immigration propose une lecture réenchantée des banlieues.
L’exposition « Banlieues chéries » se tient au Musée de l’histoire de l’Immigration du 11 avril au 17 août 2025. Aleteïa, aka Émilie Garnaud, artiste, et Emmanuel Bellanger, historien, directeur de recherche au CNRS et directeur du Centre d’histoire sociale des mondes contemporains, présentent le projet.
Portes d’entrée sur les grandes villes, les banlieues sont perçues à travers des prismes souvent réducteurs. Le terme lui-même recouvre une grande diversité de réalités souvent réduites à l’opposition entre des cités résidentielles dites paisibles et des grands ensembles longtemps décriés. Les banlieues sont pourtant le reflet d’une richesse sociale et culturelle, constitutive de l’histoire de France.
Rassemblant plus de 200 documents d’archives, peintures, installations, vidéos, photographies, témoignages, l’exposition explore ces banlieues chéries comme des lieux de mémoire et de transmission. De la ceinture rouge à la « crise des banlieues » en passant par la construction des grands ensembles, l’exposition donne à voir une multiplicité de points de vue de la fin du XIXe siècle à aujourd’hui.
Aleteïa, née Emilie Garnaud en 1979, est une artiste plasticienne française issue du Street Art. Portée par les collectifs VAO et UNENUIT, elle a commencé à poser ses constellations à Paris, dans les années 2000. Ses interventions in situ sont réalisées principalement en adhésif, à la bombe aérosol, en collage. De ses premières années de street art et de la scène graffitti des années fin 1990 dans laquelle elle a baigné, elle a gardé l’obsession de l’archétype reconnaissable au premier coup d’oeil, le goût de la répétition du taggueur, le besoin d’explorer des territoires, d’avancer à la marge, en prise avec le monde qui nous entoure.
Suivant ses convictions profondes concernant la place de l’artiste dans la société, et celle du street artiste en particulier, elle a décidé d’aller pratiquer son art en banlieue parisienne. Elle travaille ainsi depuis 2007 avec l’association Métamorphose dans le cadre des parcours d’art contemporain LOGES dans la cité de la Grande Borne à Grigny (91) dans laquelle elle a depuis installé son atelier.
Emmanuel Bellanger est historien, Directeur de recherche du CNRS et directeur du Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (CHS – UMR 8058) de l’Université Paris 1 – Campus Condorcet.
Ses travaux portent sur l’histoire sociale des banlieues, des métropoles et des politiques urbaines. Ils s’inscrivent dans une approche pluridisciplinaire des études urbaines.
– Lire un extrait du Catalogue sur Métropolitiques.
Annabelle Allouch & Julien Le Mauff, « Heureux comme en Banlieue. Entretien avec Aleteïa & Emmanuel Bellanger »,
La Vie des idées
, 6 juin 2025.
ISSN : 2105-3030.
URL : https://booksandideas.net/Heureux-comme-en-Banlieue
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