Essai Société

Dark romance et culture du féminicide


par , le 25 novembre


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La « dark romance » met en scène des héroïnes captives qui tombent amoureuses d’hommes ultra-violents. Ce genre littéraire, produit et consommé par des jeunes femmes, est-il le reflet de #MeToo ou l’allié du masculinisme ?

Lorsque je rencontre des libraires, j’aime leur demander ce qui se vend le mieux ces temps-ci. Les ados, m’expliquent-elles, utilisent leur Pass Culture de manière très sexuée : les garçons achètent des mangas, les filles de la « dark romance ». Né dans les années 2010, ce genre littéraire met en scène des histoires d’amour où une jeune femme s’éprend d’un homme puissant au charme vénéneux, souvent un hors-la-loi qui l’a séquestrée. Il y a du danger, de la violence et du sexe.

Parmi les romans les plus lus, on trouve la série Dark de Penelope Douglas, 365 jours de Blanka Lipinska, The Devil’s Sons de Chloé Wallerand ou encore la saga Valentina d’Azra Reed [1], sans oublier les déclinaisons fantastiques de la « dark romantasy », où les criminels sont remplacés par des vampires et des loups-garous. Certains de ces livres ont été initialement postés par leurs autrices sur des médias sociaux en ligne comme Skyblog et Wattpad, où ils ont été plébiscités par des dizaines de milliers de fans.

« Les femmes ont pris le pouvoir »

Un jour, j’ai demandé à une libraire quelle était la dark romance la plus emblématique. Elle m’a répondu sans hésiter : Captive de Sarah Rivens. Vous n’en avez jamais entendu parler ? C’est pourtant un best-seller.

Sarah Rivens
Source : @sarahrivens

Sarah Rivens est le pseudonyme d’une autrice algérienne de 25 ans, parfaitement francophone, responsable d’une salle de sport à Alger [2]. D’abord partagé sur Wattpad, Captive a été publié sur papier en 2022 par BMR, une filiale d’Hachette, avant de se décliner en saga avec trois autres volumes (tome 1.5, tome 2, bonus). En tout, la quadrilogie s’est vendue à près d’un million d’exemplaires, a suscité des centaines de milliers de posts et de vues sur les réseaux sociaux, tandis que Sarah Rivens était rejointe par 212 000 followers sur Instagram et 150 000 sur TikTok. Ses séances de dédicace attirent des cohortes de fans, essentiellement des adolescentes. Son nouvel opus, Lakestone, a écrasé la concurrence en se hissant directement en tête des classements [3].

Le succès de la dark romance a été accueilli par des commentaires enthousiastes, au motif qu’il marque « la reconnaissance d’un genre longtemps marginalisé » [4] et que « les femmes ont pris le pouvoir » [5]. Reprenant la dialectique du maître et de l’esclave théorisée par Hegel, ces fictions renverseraient les rapports de pouvoir patriarcaux, car le monstre a désespérément besoin de l’héroïne [6]. Triomphe de jeunes autrices qui se sont faites toutes seules, communauté de lectrices passionnées, bouche-à-oreille numérique, nouvelle légitimité éditoriale et littéraire : le phénomène reflète-t-il le dynamisme de la société post-#MeToo ?

Un gang dans une émission de télé-réalité

Captive raconte l’histoire d’amour entre Ella, une orpheline de 22 ans, et Asher, 24 ans, chef de gang et « horrible psychopathe lunatique » (I, 51) [7]. Violée par un pédocriminel, Ella a été livrée par sa tante à un proxénète, puis à Asher dont elle est devenue la « captive ». Dans ce réseau mafieux, en effet, les hommes possèdent des femmes, exerçant sur elles un droit de vie et de mort. Dans le premier tome, Asher assène à Ella ordres et menaces tout en lui faisant subir des humiliations quotidiennes, alors que, dans le deuxième, après une année de séparation, ils laissent libre cours à leur passion.

L’intrigue retrace aussi les vicissitudes du clan des Scott, qu’Asher dirige d’une main de fer. Dans cette bande de jeunes gens, les filles sont unies par des liens d’amitié, les garçons par des liens familiaux (ils sont cousins). Les discussions portent souvent sur des histoires de cœur ou de sexe. Au petit-déjeuner, la petite troupe s’interroge sur celle qu’Asher a « baisée » la veille. À un autre moment, Ella se demande si son « possesseur » va « tout fracasser sur son passage » ou « baiser une fille juste pour évacuer sa rage » (I, 46). Grâce à des monologues intérieurs, nous savons ce qu’elle ressent : « Putain, je le déteste », « Oh bordel, ça recommence ». Dans le deuxième tome, elle accueille volontiers les caresses d’Asher : « Il s’attaqua à mon autre sein et les sensations se décuplèrent sous ses lèvres affamées. » Et son amant d’approuver : « Putain de merde, grogna-t-il entre deux baisers. Tu es parfaite… » (II, 347).

Pauvreté de langue, amas de clichés, verbatim de propos de cour d’école rendent la lecture particulièrement facile (ou pénible, c’est selon). Captive ressemble à une émission de télé-réalité où un gang d’opérette passerait son temps entre commérages et missions secrètes.

Outre les affaires criminelles des Scott, le roman explore les relations entre hommes et femmes, les identités de genre étant largement stéréotypées. Ravissante mais fragile, Ella fait des crises d’angoisse dues aux viols et sévices qu’elle a subis. Asher, lui, possède tous les attributs de la virilité traditionnelle : musclé, tatoué, carburant dès l’aurore aux clopes et au whisky, il est irrésistiblement beau, mais narcissique, arrogant, taciturne, colérique, souvent cruel, opposant son visage fermé et son regard d’acier aux tentatives d’Ella pour découvrir le secret qu’il porte (son ex l’a trahi et son père a été assassiné). Il est aussi très dangereux, puisqu’il n’hésite pas à éliminer ses ennemis et ses femmes.

Les captives comme Ella sont les petites mains du gang au service duquel elles opèrent, transformées pour l’occasion en top-models. Elles ont alors la belle vie, le temps d’une réception : robes de haute couture, maquillage pailleté, berlines aux vitres teintées, jets privés, tapis rouge, coupes de champagne. Ces privilèges compensent les dangers qu’elles courent et la servitude qu’elles endurent.

Tension érotique

Avant la « dark romance », il y avait la « romance » tout court. Depuis les Précieuses et la carte de Tendre au XVIIe siècle, ce genre littéraire décrit l’alchimie par laquelle deux amants, après s’être cherchés, mesurés, défiés, apprivoisés, finissent par se plaire et s’aimer. Cette tradition mène au roman sentimental du XXe siècle, l’une des formes les plus immuables de la culture populaire. Car c’est toujours la même histoire : un homme prestigieux (businessman, médecin, reporter, aventurier) séduit une jeune femme de rang inférieur (assistante, infirmière, hôtesse de l’air) qui le trouvait insupportable au départ. Spécialiste du genre depuis 1949, présente dans une centaine de pays, la maison d’édition Harlequin est aujourd’hui intégrée au groupe HarperCollins.

Il n’est peut-être pas moral qu’un riche bellâtre circonvienne une orpheline ingénue, mais après tout, aucune loi ne prohibe de tels agissements dans la réalité. En revanche, la romance a souvent promu la culture du viol. Dans Quand l’ouragan s’apaise (1972) de Kathleen Woodiwiss, la jeune Heather est violée par le capitaine de navire Brandon, qui la prend pour une prostituée. Revenu de son erreur, il l’épouse et le couple est finalement soudé par un amour sincère. Dans Californie (1978) de Celeste De Blasis, l’héroïne subit un viol, mais cette épreuve marque le début de sa maturité et de son indépendance.

La dark romance ne fait pas du viol un argument narratif. Dans Cinquante Nuances de Grey, pionnier du genre (d’abord auto-publié sur Internet, il est sorti en version papier en 2012, avant de se vendre à 125 millions d’exemplaires dans le monde entier), Anastasia n’est jamais violée par Grey. Leur relation est socialement déséquilibrée, la jeune femme inexpérimentée et hésitante, mais elle questionne, négocie, pose ses limites et, finalement, accepte les pratiques BDSM. On peut dire qu’elle « consent » à s’engager dans la relation toxique.

Le lien qui enchaîne Ella à Asher ne relève pas davantage de la culture du viol, systématiquement dénoncée dans Captive. Ella est brisée par l’ignominie de son ancien proxénète et des clients ; elle manque d’être violée par un ennemi d’Asher, mais celui-ci vide son chargeur sur lui. Juste après le meurtre, Asher montre à Ella qu’il n’est « pas comme lui » (I, 420). S’ensuit une scène pleine de douceur où Asher aide la jeune femme à échapper à ses traumatismes.

Dans la saga, une captive n’est en rien une esclave sexuelle. L’attirance mutuelle est même ce qui vient perturber le rapport de sujétion entre Asher et Ella. Dans le premier tome, le sexe n’est pas du tout au centre de leur relation, qui conjugue regards, effleurements, frissons, caresses, cœurs qui « battent la chamade » (au moins dix occurrences dans le livre), et tout cela s’étire sur des pages et des pages. Conformément à la loi du genre, la tension érotique monte progressivement et librement, ce qu’un viol viendrait gâcher deux fois.

Comme le montrent Mélie Fraysse et Marie-Carmen Garcia à propos des « thug love », une thématique centrale est la préservation de sa virginité par l’héroïne, qui doit respecter le « modèle socialement valorisé des jeunes filles racialisées » d’origine maghrébine, nombreuses parmi les autrices et les lectrices [8]. Ella ressent du désir, mais elle demeure « pudique » et « respectable ». Dans le deuxième tome, sa passion prend un tour nettement plus érotique. Si elle savoure les caresses et la « masculinité » (le pénis) de son amant, c’est parce qu’elle sait qu’il respectera absolument son désir : « Il s’arrêtera si tu lui demandes » (II, 344 et 488). Cette sexualité mène à la conjugalité, et la saga se termine logiquement par un mariage et la naissance d’une fillette.

Culture du féminicide

Mais alors pourquoi ces romances sont-elles « dark » ? Comme l’explique Marine Lambolez dans son étude sur les romances Wattpad, la violence apparaît toujours comme un élément constitutif de la relation de couple : les abus émotionnels (jalousie, possessivité, chantage, contrôle des fréquentations et des tenues) sont montrés sous un jour positif, comme autant de preuves d’amour [9]. Dans À vif (2023) de Belle Aurora, le héros sexy et ténébreux est carrément un harceleur doublé d’un agresseur. En plus du lien possesseur/captive, le roman de Sarah Rivens innove sur un point capital : Asher a l’habitude de tuer les femmes. Avant d’obtenir Ella, il est responsable de la mort de deux captives, l’une qu’il a froidement assassinée, l’autre qui est « morte de peur » après un arrêt cardiaque, tandis qu’une troisième s’est enfuie. C’est donc, ni plus ni moins, un « psychopathe meurtrier » (I, 143-144).

Quant à Ella, elle a toujours peur d’être tuée : « Il voulait me voir morte. Littéralement » (I, 41). Asher se sert d’elle comme cible, lui tirant dessus, ou bien il l’étrangle. Avant une mission, le chauffeur lance à la jeune femme : « Tu es encore vivante, toi ? Je pensais qu’Ash t’aurait achevée la première nuit » (I, 87). De retour de sa mission, Asher lui dit qu’il ne supporte plus de la voir « encore vivante » chez lui. Elle est bouleversée, « imaginant mille façons de mourir entre ses mains. Lentement. Cruellement » (I, 106). Asher lui jette encore : « Tu devrais avoir peur. Je pourrais te tuer… Te découper en morceaux et les enterrer dans mon jardin. » Et lorsqu’il l’étrangle une énième fois : « T’aimes avoir mal, captive ? »

Le danger est donc moins professionnel, lié aux activités criminelles du gang, que domestique, intrinsèque à la relation de couple. Ella sait qu’elle se trouve « seule dans cette maison, avec un homme qui voulait [sa] mort ». Elle énonce la « règle numéro 1 dans cette maison : toujours éviter la mort » (I, 114). Comprenant qu’elle est à la merci de ce « monstre », elle s’effondre d’angoisse ; elle a encore les marques de ses mains sur le cou (I, 225). Le risque est niché au cœur même de l’amour. Asher lui murmure « Tu es à moi » en faisant mine de l’étrangler. Après qu’ils se sont embrassés, il lui ordonne : « Ne me parle pas, ne me touche pas et, surtout, ne pose pas de questions… Sinon t’es morte » (I, 460).

Culture du féminicide, donc, plutôt que culture du viol. Avec, typiquement, des étranglements pour faire taire une femme déjà impuissante.

Aimer celui qui veut vous tuer

À certains égards, Ella est plongée dans un univers néo-sadien. Comme dans les Cent Vingt Journées de Sodome, un homme exerce sa toute-puissance sur des êtres sans défense, le désir naissant de l’asservissement des unes par les autres. Mais Captive est plutôt fondé sur le défi vital qui s’impose à la narratrice : survivre. La dark romance est donc une variante « mortelle » de la romance. L’amante sait parfaitement ce qu’elle risque de l’amant.

Asher Scott et Ella Collins
Illustration tirée de l’édition collector

De là provient le sel du roman : Ella vit dans la peur d’être tuée, mais c’est du fond de cette terreur que naît son amour. C’est parce qu’elle est partout menacée (par ses anciens clients, par les ennemis du clan des Scott, par Asher lui-même) qu’elle a besoin de lui, qui pourtant la menace en permanence. Une nuit qu’elle redoute d’être agressée dans le manoir familial, elle demande à Asher de rester avec elle. Elle couche d’abord au pied du lit comme un chien, mais elle finit par se laisser aller à pleurer dans ses bras (I, 271). Ils passent la nuit ensemble, mais chastement, en dormant côte à côte.

Prisonnière d’un psychopathe, mais protégée par lui contre d’autres prédateurs : Ella accepte ce deal avec soulagement. Son « possesseur », qui promettait de la tuer et qu’elle haïssait en conséquence, la rassure désormais. Avec Asher, elle se sent enfin en sécurité, pour la première fois de sa vie, et verse des larmes de bonheur (I, 472). Tel est le paradoxe qui scelle la dark romance : la femme se sent protégée par l’homme qui pourrait la tuer, mais qui choisit de ne pas la tuer (pas tout de suite). L’amour vous unit à celui qui pourrait vous faire du mal, jusqu’à anéantir votre vie, mais qui – grand prince – retient l’épée de Damoclès.

Morale pour femmes

À plusieurs reprises, Ella se jure de tenir tête au « psychopathe », mais c’est pour y renoncer à chaque fois. Brisée par la peur, vaincue par l’amour ? Elle a l’intuition que, si elle continue de « rentrer dans son jeu, [elle a] peut-être une chance de rester en vie » (I, 153). Le savoir-vivre qu’elle doit acquérir est en fait un apprendre-à-survivre.

Cependant, une question obsède les lecteur.ices : pourquoi Ella ne s’enfuit-elle pas, comme l’a fait une précédente captive avant elle ? Parce qu’elle aime Asher. Parce qu’il la protège. Parce qu’il est différent des autres. Mais aussi parce que le clan des Scott – une dynastie avec un manoir somptueux – représente pour Ella un espoir d’ascension sociale. Jeune célibataire ayant eu jusque-là une « vie de merde », elle part de zéro. Et si cette Cendrillon devenait l’élue du prince charmant ? Pour cela, il faut accepter d’être dominée.

Dans Reading the Romance, Janice Radway montre que les romances rassurent les lectrices sur le rôle qu’elles peuvent jouer au sein d’une société patriarcale. L’héroïne gagne une identité par son aptitude à entourer le héros, et un mariage traditionnel vient la récompenser [10]. Entre le début (angoissant) et la fin (heureuse), la jeune femme a mis en œuvre diverses stratégies pour sortir de sa position de faiblesse. Elle a fait confiance à un homme, décrypté ses sautes d’humeur, cru en son amour même quand les apparences disaient le contraire. Maltraitée, puis aimée et protégée par un mâle alpha, elle a reconnu l’inévitabilité du pouvoir masculin. Elle a sacrifié sa liberté à une relation de long terme qui garantit son avenir.

Dans un monde où les femmes sont toujours en danger, Ella comprend que le « psychopathe » n’est pas aussi mauvais qu’il en a l’air : en raison de son terrible secret, il a dû se constituer une carapace. À la fin du premier tome, alors qu’Asher s’est volatilisé, elle l’attend fébrilement, guettant le grondement de son bolide. « Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour l’entendre m’appeler "captive", même si je détestais ce surnom !  » (I, 584) Dans le deuxième tome, Asher est plus que jamais protecteur : « Sa présence m’apaisait. – Tu es en sécurité, me répéta-t-il dans un murmure. Tu es en sécurité avec moi » (II, 287). Dans une autre scène, Ella admet qu’elle n’a plus peur de lui, même s’il reste « le plus grand des psychopathes ». Et plus loin : « Je t’aime, espèce de psychopathe. » (II, 633) Le terme est devenu un surnom tendre.

Le syndrome de Stockholm se résout en attachement romantique. Ella aime celui qui voulait la tuer, tout comme Winston, à la fin de 1984, aime Big Brother. La dark romance exprime donc une idéologie gynocidaire qui se décline en quatre principes :

1. Les femmes sont comme des jouets, des bibelots ou des voitures. On les garde jalousement pour soi (et gare à qui les touche), mais on peut aussi les prêter.

2. À l’intérieur de contraintes nécessaires, une femme doit apprendre à aimer le partenaire qui lui a été donné. C’est sa seule possibilité d’intégration familiale et d’ascension sociale.

3. Une femme appartient à un homme, qui dispose de sa vie. C’est dans ce cadre nécessaire que grandit leur relation. Non seulement l’amour peut se développer au sein de la captivité, de la domination, de la violence et de la peur, mais il se confond aussi avec la gratitude de ne pas être tuée.

4. Les femmes aiment les hommes qui veulent les tuer, parce qu’elles leur appartiennent et n’ont aucune valeur. La violence et la cruauté sont les ingrédients d’un amour heureux.

Morale : soumettez-vous, mesdames, vous gagnerez le droit de vivre (de survivre, plus exactement).

Pourquoi lit-on de la dark romance ?

Des millions d’adolescentes et de jeunes femmes se passionnent pour Captive, Dark ou Valentina. Il serait à la fois hâtif et erroné d’affirmer qu’elles sont des « victimes » – culturellement aliénées, intoxiquées par le patriarcat, d’origine populaire, etc. De même, on ne peut tout imputer à la force des réseaux sociaux, même si les autrices de dark romance bénéficient des communautés Bookstagram et autres vidéos TikTok, à l’instar des influenceuses auxquelles elles empruntent leurs codes.

À propos de Cinquante Nuances de Grey, Delphine Chedaleux rappelle que les lectrices sont majoritairement des femmes jeunes, en couple avec enfants, occupant des emplois peu qualifiés liés au care, et qu’elles refusent le stigmate qu’on leur accole généralement (« obsédées », « frustrées »), la lecture leur permettant de poser un regard valorisant sur elles-mêmes à l’occasion d’une activité individuelle (« bouquiner », « se reposer »). En bref, Cinquante Nuances de Grey permet d’être à la fois un sujet sexuel et une personne respectable [11]. De son côté, Eva Illouz affirme que les romances « hard » contribuent à la réappropriation de leur sexualité par les lectrices, les codes féministes étant habilement intégrés à la relation entre Anastasia et le jeune PDG. Fantasmes féminins et domination masculine s’articulent [12].

Ella Collins qui part
Illustration tirée de l’édition collector

Et puis, reconnaissons-le : Captive est un page-turner. Ella va-t-elle survivre ? C’est le suspense du « comment vont-ils s’en sortir ? », moteur qui anime des romans d’aventures comme Robinson Crusoé et L’Île mystérieuse, des thrillers comme Misery, des séries comme Squid Game ou des émissions comme Koh Lanta – spectacle du malheur d’autrui, placé dans un univers hostile où sa vie est menacée. Les dangers que court Ella, les menaces et humiliations qu’elle subit, expliquent peut-être le plaisir trouble des lectrices, amenées à vivre éveillées le cauchemar d’une autre, tout en restant tranquillement dans leur canapé ou sous leur couette. De même, on aime que Stephen King réveille nos peurs les plus intimes, enfouies depuis l’enfance.

La dark romance parle d’amour et de couple. C’était déjà la matière des contes du XVIIe siècle : le destin miraculeux de Cendrillon ; les méfaits de conjoints cruels comme Barbe bleue ; la ruse de la Belle qui sait domestiquer la Bête, un homme bon mais d’apparence monstrueuse. Quant à Ella, elle est prête à tout en échange d’une union stable, si possible dans le luxe. C’est un peu la morale des comédies romantiques des années 1950 (Comment épouser un millionnaire, Sabrina, Certains l’aiment chaud, Diamants sur canapé), dans lesquelles une jeune femme de condition modeste, interprétée par Marilyn Monroe ou Audrey Hepburn, tente de séduire un homme riche qu’elle espère épouser. La collection Harlequin indique aux jeunes femmes précaires les sacrifices auxquels elles doivent consentir pour dégoter un bon parti.

Mais contrairement aux gentlemen et aux outsiders incarnés par Humphrey Bogart ou Tony Curtis, Asher est un butor. Il est « méchant », alors qu’Ella est « gentille » (c’est-à-dire docile et conciliante). Tel est le « bad boy » : un beau jeune homme, sombre et rebelle, qui défie l’autorité. En d’autres termes : excitant, mais risqué. Ses avatars au XXe siècle sont l’apache, le blouson noir ou le voyou. Les filles en tombent raides dingues. Au cinéma, c’est James Dean dans La Fureur de vivre et John Travolta dans Grease  ; et, pour les séries télévisées des années 1990, Dylan dans Beverly Hills, Spike dans Buffy contre les vampires, Rivers dans Hartley, cœurs à vif. Asher est l’un de ces « bad boys », en plus cruel et misogyne.

L’empreinte de la romance

Il faut replacer la dark romance dans l’écosystème des années collège et lycée. Elle s’oppose aux lectures « sérieuses » qu’imposent les programmes. Tandis que Mme de La Fayette, Zola et Camus concourent à l’émancipation des élèves, les sous-genres populaires leur permettent de s’évader. Inutile de préciser que l’institution ne cautionne pas toutes les lectures.

À l’intersection du conte de fées, de la comédie hollywoodienne, de la série télévisée et de la télé-réalité, la dark romance offre aux adolescentes une sorte d’éducation sentimentale qui les aide à accepter leurs désirs tout en maîtrisant leurs peurs (altérité masculine, entrée dans la sexualité adulte, etc.). Comme les garçons avec la pornographie, les filles s’adonnent à des « plaisirs coupables » : magnétisme des beaux mecs « vicieux » [13], appel du danger-pas-dangereux, goût de la transgression. La relation enemies to lovers, qui imprègne tout le courant de la dark romance, permet de s’abandonner à un homme qui décide pour vous.

Mais il pourrait aussi s’agir d’acquérir une compétence : se préparer mentalement à de futures agressions ou, au contraire, surmonter une histoire traumatique. Des psychologues expliquent que l’intérêt de nombreuses femmes pour les true crimes relève de la lucidité et de la vigilance [14]. Dans un article sur les livres d’amour au lycée, Viviane Albenga montre que les adolescentes vivent des expériences par procuration, catharsis par rapport à un parcours parfois difficile. Une jeune fille de 17 ans, issue d’un milieu populaire, témoigne : « Ça fait apprendre des trucs, ça rend un peu plus forte par rapport à ma vie amoureuse à moi aussi. Des fois, on apprend par les erreurs des autres. » [15] De manière générale, ces romans donnent l’occasion d’explorer désirs et fantasmes : ils sont, comme l’écrit Magali Bigey, un « terrain de jeu émotionnel » [16] où l’on circule en safe zone.

Les fans s’investissent positivement dans les fictions « dark », parce qu’elles leur procurent du plaisir, activent leur imaginaire, libèrent leur parole silenciée – elles qu’on renvoie si souvent à leur vacuité de subalternes. Pour reprendre les termes de Michel de Certeau, leur lecture relève d’un « braconnage » [17] qui implique bien davantage la créativité et la liberté que la passivité et la soumission. Témoins ces centaines de fanclubs, communautés, plateformes collaboratives, univers d’écriture en ligne (auquel appartient le site Wattpad où Sarah Rivens et Azra Reed ont posté leurs premiers chapitres).


 « je m’en remet pas de captive tome 1.. »

 « 2 ans que j’avais pas ouvert un livre et que dire, je suis actuellement au chapitre 31 du tome 1, je le lis dans le métro, le train, le bus, je.... »

 « Le tome 1 m’a fait pleure hâte du tome 2 »

 « J’ai kiffer captive 1 je vais supplier ma mère de m’acheter les 2 derniers ! »

 « Bref j arrette pas de pleurer le livre est trop émouvant »

 « Ma petite soeur m’a fait découvrir le tome 1 que j’ai fini je commence le tome 1.5. Faut vraiment sortir ce livre en film »

 « j’ai fini le tome 1 Tome 1.5 tome 2 en unes semaine... »

 « meuf ton livre ma donné l’envie de lire ce sont les seuls livres ki mon fait aimer lire mais seulement t histoire g pleurer quand g fini de lire »

 « Coucou Sarah je viens d acheté Captive 1 et pour le moment il est incroyable ❤️ »

 « Franchement captive tome 1 la fin j’ai pleurer toute ma vie 😭😭 »

 « Je vien de commencer le tome 2 j adore j ai lu le 1 en 2j vraiment les meilleurs livre que j ai lu »

Commentaires postés en marge d’une vidéo TikTok annonçant le deuxième tome de Captive.

Si la dark romance nourrit à l’évidence l’imaginaire et la sensibilité des adolescentes, il est difficile de savoir ce qu’elles en retiennent. Ces livres suscitent-ils un empowerment, face à des héroïnes qui ne s’en laissent pas compter et assument leurs désirs, ou au contraire une perte d’estime de soi, devant toutes ces messages patriarcaux ? Les fans de dark romance sont jeunes, voire très jeunes, sans expérience de la vie de couple ni même parfois de la sexualité. Peut-on décrypter la toxicité d’une relation à cet âge ? À l’inverse, aucun cerveau ne reçoit passivement l’empreinte d’une œuvre culturelle. De même que les kidnappées amoureuses ne deviennent pas nécessairement des modèles pour les lectrices, on n’incendie pas un car de CRS après avoir écouté une chanson de rap.

S’initier au patriarcat

Au cinéma, dans les séries télévisées ou les romances, la culture de masse dévoile la structure du jeu social – la logique du marché matrimonial dans les comédies hollywoodiennes des années 1950, ou la cruauté du capitalisme néolibéral dans Squid Game. Vulnérable et prisonnière, Ella découvre tout simplement les lois de la société.

Son microcosme est un gang mafieux établi aux États-Unis. Cette confrérie secrète, en guerre avec ses rivales, comprend deux catégories : les « captives » et leurs amies ; les « initiés » unis par la solidarité familiale. Le Harem et les Cousins, tel pourrait être le sous-titre de Captive. Il se trouve que ce livre existe déjà. Dans les années 1960, l’ethnologue Germaine Tillion avait analysé la structure des sociétés méditerranéennes (surtout arabes) : solidarité clanique, polygamie, ségrégation des sexes, enfermement des femmes, contrôle de leur sexualité [18]. Du Harem politique (1987) au Monde n’est pas un harem (1991), Fatima Mernissi, née au Maroc, s’est insurgée contre la claustration physique et mentale des femmes, exclues de la sphère publique et réduites à leurs fonctions sexuelles et ancillaires. L’Algérie, pays de Sarah Rivens, s’est dotée en 1984 d’un Code de la famille avec des éléments de la charia très défavorables aux femmes (certains ont été corrigés en 2005). Dans le Global Gender Gap Report, qui liste les inégalités hommes-femmes au niveau mondial, l’Algérie est classée au 141e rang, devant l’Iran et le Pakistan, respectivement 145e et 148e, à la dernière place [19].

Captive est donc une métaphore du patriarcat (occidental ou arabo-musulman), proposée aux lectrices soit comme une boussole pour s’y mouvoir, soit comme le cadre de vie naturel qui les attend. Ses éléments de dystopie rappellent La Servante écarlate de Margaret Atwood, qui a aussi signé un roman dont le titre français est Captive (Alias Grace en anglais). Mais sans parler de la qualité des ouvrages, leur positionnement est opposé : Sarah Rivens présente l’oppression des femmes comme un ressort romantique.

La dark romance offre donc aux lectrices un triple apprentissage : accès à la culture sans l’entremise des critiques traditionnels, intimité d’une « chambre à soi » loin de tout contrôle parental ou enseignant, mais aussi glamour de la soumission et de la violence.

La dark romance, alliée du masculinisme

C’est l’un des paradoxes les plus troublants de notre temps que cette culture du féminicide soit produite et consommée par des jeunes femmes. Il est vrai qu’on peut à la fois nourrir des fantasmes d’asservissement et soutenir les combats de #MeToo, comme le reconnaissent avec courage certaines femmes. Mais la dark romance, avec ses schémas ressassés jusqu’à l’écœurement, est aujourd’hui l’alliée du masculinisme. Pendant que les influenceurs apprennent aux garçons à dominer, les autrices conseillent aux filles de se soumettre.

On dénonce la culture de l’inceste et du viol dans la création contemporaine, comme en attestent les polémiques autour de Gainsbourg (avec sa chanson Lemon Incest), Gaspar Noé (avec la scène du viol dans Irréversible) et Bastien Vivès (avec ses dessins pédopornographiques). Narratifs sulfureux, tentation des relations interdites, jeu avec les limites : ces « arguments », qui paraissent à juste titre odieux lorsqu’ils servent à légitimer la culture du viol et de l’inceste, sont pourtant utilisés pour justifier celle du féminicide. Pourquoi ?

Il est frappant que, hormis quelques chercheuses, on s’intéresse si peu aux stéréotypes véhiculés par la dark romance. Après m’avoir suggéré Captive, la libraire m’a raconté qu’elle n’avait pas le pouvoir de l’interdire aux ados (parfois des filles de 11 ans), encore moins si elles sont accompagnées de leurs parents, mais qu’elle essayait toujours de les aiguiller vers d’autres genres moins toxiques : littérature jeunesse, « young adult », « new romance », voire auteur.ices classiques.

Vendre ou ne pas vendre ? Ce dilemme nous rappelle que le secteur du livre est un bien commun, mais aussi une industrie qui veut gagner de l’argent. Dans un marché en déclin, la dark romance représente un enjeu commercial majeur, et les grands groupes peuvent se réjouir d’avoir trouvé le bon filon, décliné du grand format aux adaptations audiovisuelles, en passant par les préquelles et les éditions collector. Après tout, les ados sont des consommateurs comme les autres, et tant pis pour leur santé physique ou mentale. Le problème ne semble pas concerner les maisons d’édition, ni les industriels qui leur destinent les cigarettes électroniques, ni les géants des cosmétiques dont les « routines beauté » ciblent gamines et bébés. Le sexisme patriarcal n’est jamais aussi fort que lorsqu’il est secondé par le capitalisme néolibéral.

Pour parer aux critiques, l’éditeur de Sarah Rivens a inséré cet avertissement : « Captive est une dark romance qui n’entre pas dans les codes de la romance classique : romance y rime avec violence, et certaines scènes peuvent surprendre les lecteurs non averties [sic]. » L’enjeu était surtout d’atténuer la culture du féminicide, comme le montre la publicité annonçant le deuxième tome de la saga : « Avant, il voulait te voir morte. Maintenant, il pourrait mourir pour toi. »

Le renversement n’est qu’apparent. Il est vrai que le personnage d’Asher a évolué, révélant ses « bons » côtés : il fait jouir Ella avec maestria, se confronte à sa tante indigne (« quelle salope ») et exécute le pédocriminel qui a fait souffrir son « ange ». En outre, on découvre son intériorité, puisqu’il raconte l’histoire en alternance avec Ella, alors qu’elle était l’unique narratrice dans le premier tome. Pourtant, Asher se montre toujours aussi colérique et impulsif, prêt à tuer celles et ceux qui se mettent en travers de son chemin. En dépit de ces explosions, Ella sait que l’aimé réside « à l’intérieur du démon qui lui [sert] de façade » (II, 324). Il parle moins de la tuer, mais, après qu’elle a accidenté sa belle voiture, il menace de la « fumer » s’il ne peut fumer sa clope (II, 590).

Rien n’est plus excitant que de partager la vie d’un tueur ! D’autant que son cœur de glace a fondu pour Ella. Autrefois isolée et fragile, elle a réussi à dompter la bête, tout en bénéficiant de son rut prénuptial – c’est là, si l’on veut, la victoire d’un « féminisme ».

Humeur songeuse

Il importe ici de questionner le rôle des adultes, notamment les parents, éditeur.ices, libraires et militant.e.s. Personne n’a envie de reconstituer les ligues de vertu du XIXe siècle, ni de rejouer les hideux procès intentés à Flaubert, Baudelaire, Oscar Wilde ou Nabokov. Quant à Sade, il est heureusement sorti de l’Enfer. Loin de la bien-pensance, l’art est le lieu où peuvent s’exprimer nos chimères, nos visions malsaines, nos rêves de violence subie ou infligée, notre part d’ombre, toute cette « darkness » qui caractérise la dark romance. Quel que soit son statut, la littérature doit être le lieu de toutes les explorations, et exploration ne signifie pas apologie. Il faut laisser les écrivains – et tous les artistes – œuvrer en paix.

Mais la liberté d’expression et de création, que nous devons défendre avec intransigeance, n’empêche pas de réfléchir aux messages que transmettent les œuvres, notamment les quatre corpus (male gaze, culture du viol, culture de l’inceste, culture du féminicide) auxquels les violences sexuelles sont adossées depuis des siècles. C’est parce qu’on est capable d’analyser ce qui s’est ossifié dans les romans, opéras, films, séries et chansons qu’on pourra, un jour, créer autrement. Ma position n’est donc pas platement morale ; elle est esthétique, pour que les clichés fassent enfin place à la nouveauté. Ce serait une révolution, mais pourquoi ne pas y croire ?

La dark romance est littérairement insignifiante, mais très significative d’un point de vue social. Car elle révèle la prégnance de la culture du féminicide aujourd’hui et le cynisme avec lequel les éditeurs la font fructifier dans le monde entier.

Le fait qu’on qualifie de « sombre » un genre qui promeut la misogynie et le féminicide trahit le (mauvais) génie du capitalisme éditorial. Dirait-on de Weinstein, PPDA et tutti quanti que leur sexualité est « dark » ? Plutôt que de glorifier complaisamment la dark romance, on ferait mieux de la qualifier de « romance criminelle », comme les murder ballads du XVIIIe siècle. Ou de littérature masculiniste. Plutôt que de falsifier les romans d’Agatha Christie ou de Roald Dahl, afin de les expurger de leur racisme et de « purifier » nos sociétés, on pourrait réfléchir aux valeurs que nous inculquons à nos enfants aujourd’hui et maintenant. Laure Murat a raison : « Toutes les époques sont dégueulasses. » [20]

Quand je suis d’humeur joyeuse, je m’amuse que des critiques réactionnaires alertent depuis des siècles sur les « dangers » du roman, à ne pas placer entre toutes les mains, périlleux pour la vertu des jeunes filles, etc. Vieilles rengaines de vieux barbons. Il a fallu un incontestable talent à Sarah Rivens pour nous captiver avec sa Captive et nous entraîner au fil de milliers de pages dans le tourbillon de ces deux tourtereaux torturés. Si une génération de romancières réussit à faire lire les jeunes, je dis : tant mieux et bravo !

Quand je suis d’humeur songeuse, je me dis que nous avons raté quelque chose en matière d’éducation. La domination masculine est assez universelle pour qu’on n’ait pas besoin en plus de la légitimer à travers les œuvres de l’esprit. Dans un demi-siècle, on portera peut-être, sur l’accès illimité des enfants aux réseaux sociaux, à la dark romance et à la pornographie, le même regard incrédule et consterné que nous jetons aujourd’hui sur les pichets de vin dans les cantines des années 1950 [21].

Mais lira-t-on encore ces livres dans dix ou vingt ans ? Nul ne le sait. Qu’en restera-t-il dans l’esprit de ces adolescentes ? Une majorité deviendra, j’en suis sûr, des femmes libres, épanouies et heureuses. Mais combien de « captives » ? Combien de victimes étranglées par des « bad boys » ou des « bons pères de famille » ? Combien de femmes sous emprise, incapables de quitter un conjoint violent ?

Comme chacune le sait désormais, les tentatives de meurtre font partie d’une belle histoire d’amour, et les hommes ont le droit de détruire leur propriété.

par , le 25 novembre

Pour citer cet article :

Ivan Jablonka, « Dark romance et culture du féminicide », La Vie des idées , 25 novembre 2025. ISSN : 2105-3030. URL : https://booksandideas.net/Dark-romance-et-culture-du-feminicide

Nota bene :

Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article, vous êtes invité à proposer un texte au comité de rédaction (redaction chez laviedesidees.fr). Nous vous répondrons dans les meilleurs délais.

Notes

[1Respectivement Penelope Douglas, Dark Romance, Paris, Harlequin, 2017  ; Penelope Douglas, Dark Obsession, Paris, HarperCollins, 2021  ; Blanka Lipinska, 365 jours, Paris, Noyelles, 2021  ; Chloé Wallerand, The Devil’s Sons, Montech, Plumes du web, 2023  ; et Azra Reed, Valentina, Paris, Hugo roman, 2024. Voir un classement sur https://www.fr.fnac.ch/Top-10-des-meilleurs-livres-de-Dark-Romance/cp65527

[2Mathilde Serrell, «  Qui est Sarah Rivens, l’autrice algéroise de 24 ans qui truste les ventes de fiction  ?  », Un monde nouveau, France Inter, 14 mars 2023.

[3Ugo Loumé, «  Quand Sarah Rivens débarque en librairie, elle rafle tout  », Actualitté, 2 mai 2025.

[4«  Morgane Moncomble et Sarah Rivens dans le top 10 des auteurs francophones  », Basilic Tropical, 28 janvier 2025.

[5Marianne Payot, «  Meilleures ventes de livres : les femmes ont pris le pouvoir  », L’Express, 16 août 2024.

[6Marine Lambolez, «  Genre littéraire à succès, la dark romantasy, avec ses relations toxiques et ses viols, peut-elle être féministe  ?  », The Conversation, 4 septembre 2025.

[7Sarah Rivens, Captive, Vanves, BMR [Hachette], vol. I, 2022, et vol. II, 2023. La pagination fait référence à ces deux éditions, respectivement en poche et en grand format.

[8Mélie Fraysse et Marie-Carmen Garcia, «  Les Thug Love : des romans sentimentaux à l’épreuve de la classe et de la race  », Genre en séries, n° 9, 2019.

[9Marine Lambolez, «  La réception des romances Wattpad et Webtoon lues par des adolescentes : apprendre à désirer la violence  ?  », Cultural Express, n° 10, 2023.

[10Janice Radway, Reading the Romance : Women, Patriarchy, and Popular Literature, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1991 (1984), p. 74-75.

[11Delphine Chedaleux, «  Construire un regard sur la réception de Cinquante Nuances de Grey : une ethnographie en ligne  », Poli. Politique de l’image, 2018, n° 14, p. 82-91  ; ainsi que «  Cinquante Nuances de Grey, les féministes et la culture populaire  », e-toiles sociales. Genre et cultures médiatiques, 2018.

[12Eva Illouz, Hard Romance. «  Cinquante Nuances de Grey  » et nous, Paris, Seuil, 2014.

[13L. J. Shen, Vicious, Paris, Harlequin, 2017.

[14Amanda M. Vicary, R. Chris Fraley, «  Captured by True Crime : Why Are Women Drawn to Tales of Rape, Murder, and Serial Killers  ?  », Social Psychological and Personality Science, vol. 1, n° 1, 2010, p. 81-86.

[15Viviane Albenga, «  Autonomie, sensibilité et dévouement : genre et appropriations culturelles des histoires d’amour à l’âge du lycée  », Genre en séries, n° 9, 2019.

[16Magali Bigey, «  La « dark romance » : les ambiguïtés d’un genre littéraire qui fascine  », The Conversation, 28 novembre 2024.

[17Michel de Certeau, «  Lire : braconnage et poétique des consommateurs  », Projet, n° 124, avril 1978, p. 447-457  ; ainsi qu’Andrés Freijomil, «  Les pratiques de la lecture chez Michel de Certeau  », Les Cahiers du Centre de recherches historiques, n° 44, 2009, p. 109-134.

[18Germaine Tillion, Le Harem et les Cousins, Paris, Seuil, 1966.

[19World Economic Forum, Global Gender Gap Report 2025, juin 2025.

[20Laure Murat, Toutes les époques sont dégueulasses. Ré(é)crire, sensibiliser, contextualiser, Lagrasse, Verdier, 2025.

[21C’est seulement en 1981 que l’alcool fut définitivement interdit dans les cantines. Voir Éva Leray, «  Pourquoi servait-on du vin aux enfants dans les cantines scolaires françaises jusqu’en 1956  ?  », Ouest France, 4 janvier 2023.

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