Depuis le début de la crise, la question du protectionnisme s’est imposée avec vigueur dans le débat public. En effet, la tentation est grande pour les décideurs politiques d’atténuer les effets de la récession en isolant leur pays des tourments extérieurs : fermer les frontières aux produits étrangers serait un moyen de protéger les industries (et donc les emplois) domestiques de la concurrence internationale, et de répondre aux fortes demandes de soutien formulées par certaines couches de la population particulièrement touchées par la crise.
Il n’existe toutefois pas de consensus sur le sujet. Pour certains, le protectionnisme pourrait être, si défini à la bonne échelle géographique et sectorielle, un outil de politique économique contra-cyclique ; ce serait aussi un moyen de faire face, par la même occasion, à la concurrence jugée parfois déloyale exercée par les pays aux standards environnementaux et sociaux moins élevés. Pour d’autres, le protectionnisme des uns ne ferait qu’engendrer le protectionnisme des autres : les politiques conduites par les différents pays se neutraliseraient donc mutuellement. Elles pèseraient par ailleurs fortement sur les perspectives de croissance à long terme et exacerberaient les tensions internationales, sur le modèle de ce qui s’est passé dans les années 1930.
Un an après le début de la crise, La Vie des Idées décide de revenir sur ce débat. À travers les contributions d’économistes et d’historiens, nous retraçons la genèse du protectionnisme, ses modalités ainsi que ses effets potentiels et/ou avérés sur les entreprises, les travailleurs, les consommateurs, les pays.
Le fil rouge du dossier est sans nul doute l’hétérogénéité. Hétérogénéité des motivations du protectionnisme, préconisé pour sauvegarder des secteurs, pour protéger l’environnement ou encore pour défendre le modèle de protection sociale étendue choisi par certains pays. Hétérogénéité des formes du protectionnisme, traditionnelles pour les unes telles que les taxes ou les quotas, et plus récentes pour les autres avec la montée en force des normes sanitaires ou des recours antidumping auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Hétérogénéité des effets, enfin, le protectionnisme et son symétrique, la libéralisation commerciale, touchant différemment les entreprises selon leur productivité initiale, les individus selon leur niveau d’éducation et leur degré de mobilité géographique et professionnelle, et les pays selon la structure de leurs échanges et les dispositifs de protection sociale existants.
La confrontation des différents points de vue exprimés dans ce dossier montre qu’il serait illusoire d’imaginer apporter une réponse simple au débat sur l’opportunité des mesures protectionnistes. Protectionnisme et libre-échange font des gagnants et des perdants. La prise de décision ne peut ainsi que procéder d’un diagnostic initial adéquat, et devient ensuite affaire de pondération des gains et des pertes générés par les différentes options.
Au sommaire :
Pour citer cet article :
Florian Mayneris, « Le protectionnisme, un remède à la crise ? »,
La Vie des idées
, 20 octobre 2009.
ISSN : 2105-3030.
URL : https://booksandideas.net/Le-protectionnisme-un-remede-a-la,867
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