En dépit des proclamations répétées de mort de la métaphysique, le paysage philosophique contemporain est marqué par la floraison des ontologies. Sébastien Motta entend montrer, par une analyse logique de leurs présupposés, la stérilité de ces entreprises.
L’ontologie se présente comme cette science super-généraliste dont l’objet d’étude est « tout ce qui est, dans la mesure où tout ce qui est a ceci en commun : d’être » (p. 335). S’il faut remonter jusqu’à la Métaphysique d’Aristote pour trouver le premier projet explicite d’une « science de l’être en tant qu’être [1] », le mot d’« ontologie » lui-même n’apparaît pas avant le début du XVIIe siècle, formé directement sur le grec ôn, ontos, c’est-à-dire « l’étant », « ce qui est ». Le terme se répand ensuite lentement pour désigner la métaphysique dite « générale », par opposition à la métaphysique « spéciale » : tandis que cette dernière s’attache à l’étude d’êtres spéciaux et éminents (Dieu, le monde, l’âme), l’ontologie étudie l’être en général, c’est-à-dire l’être des étants, ou encore les étants en tant qu’ils sont.
Compte tenu des différentes proclamations de la mort de la métaphysique, on pourrait s’attendre à ce que l’ontologie soit tombée en désuétude. Il n’en est rien : elle est au contraire d’une vivacité surprenante en philosophie contemporaine, et notamment dans le champ analytique, où elle se décline le plus souvent selon deux formes : d’une part, une enquête sur la nature de l’être, et d’autre part un inventaire des étants, se présentant le plus souvent comme une liste des catégories de ce qu’il y a [2]. On peut par exemple se demander quel est le mode d’existence des objets mathématiques : peut-on dire qu’ils existent au sens où existent des tables et des chaises, et faut-il donc les compter au nombre de ce qu’il y a dans le monde ?
Le débat peut également porter sur l’être de certaines entités fictionnelles comme Sherlock Holmes : ce dernier n’existe pas au sens où existe par exemple Arthur Conan-Doyle, et c’est précisément un trait essentiel des êtres de fiction de ne pas exister ; pourtant, Sherlock Holmes n’est pas rien, il existe bel et bien en un certain sens puisque nous lisons des histoires à son propos et connaissons tous ses principaux traits de caractère ainsi que son apparence physique. La réflexion sur ce genre d’exemple conduit à se poser la question ontologique sous ses deux formes : pour déterminer si Sherlock Holmes existe, il nous faut à la fois mener une enquête à propos de ce que c’est qu’être, et tâcher d’identifier les catégories de ce dont le monde se trouve constitué.
L’ouvrage de Sébastien Motta s’attache à montrer la vacuité de ces débats et de l’entreprise ontologique en général, quelle que soit sa forme. L’auteur soutient que non seulement rien d’important ou de substantiel ne se trouve en jeu dans les débats ontologiques, mais encore que l’ontologie n’a tout simplement aucun objet. L’angle d’attaque choisi est l’analyse de la notion d’identité : il s’agit de montrer que ce sont des erreurs dans la compréhension du régime logique de l’identité qui conduisent les ontologues à user inconsidérément de certaines notions-phares de l’ontologie comme celles d’objet, de catégorie, d’existence, ou de réalité. S’inscrivant dans la lignée de penseurs comme Wittgenstein ou Carnap, l’auteur met en évidence que les présupposés de l’ontologie découlent le plus souvent de confusions logiques ou grammaticales, et sont en fait sans fondement. Cette critique dévastatrice se déploie à partir d’un argument central : les ontologues confondent deux sortes de concepts pourtant très différents par leur régime logique, à savoir les concepts substantiels d’une part, et les concepts formels d’autre part [3]. S. Motta l’explicite par la comparaison de deux sortes de verbes : d’une part ceux, comme « courir », dont on peut toujours dire en quoi consiste l’action correspondante même en l’absence de complément [4] – leur usage est substantiel en ceci que le verbe a par lui-même un contenu, c’est-à-dire une signification substantielle en vertu de laquelle il peut signifier sans être relié à autre chose ; d’autre part, les verbes comme « faire », qui peuvent au contraire sembler vides, et n’avoir de signification déterminée que par liaison avec autre chose – leur usage est formel dans la mesure où ils n’ont de signification déterminée que par liaison avec autre chose. Pour résumer la distinction, « courir » tout court est forcément faire « quelque chose » (substantiel) alors que « faire » tout court n’est pas forcément faire « quelque chose ». Selon S. Motta, l’ontologie n’a finalement pas d’autre origine que la confusion entre ces deux usages logiquement très différents : les ontologues font un usage substantiel de concepts formels. Tel est le « mélange des genres » déploré par l’auteur et qui donne le titre de l’ouvrage.
La conception standard de l’identité en question
Dans le champ philosophique, l’identité [5] est le plus souvent définie avant tout comme identité numérique, c’est-à-dire comme la relation qu’un être entretient avec lui-même. L’identité, selon l’exemple classique, est la relation à lui-même qui caractérise le bateau de Thésée, ce navire dont on change chaque jour une pièce – au point qu’aucune pièce d’origine ne subsiste au moment de son retour au port – mais qui cependant ne cesse jamais d’être le même. Pour le dire autrement, l’identité est ce en vertu de quoi nous sommes fondés à dire qu’il s’agit bien du même bateau, indépendamment de tous les changements subis. Il existe ainsi ce que S. Motta qualifie de « conception standard de l’identité [6] » (p. 23), sur laquelle la plupart des auteurs paraissent s’accorder spontanément, c’est-à-dire que les ontologues admettent généralement comme si celle-ci allait de soi. L’effort d’analyse de l’auteur porte ici sur trois points : d’abord, distinguer clairement les différents éléments impliqués par cette conception qui charrie avec elle bon nombre de présupposés inaperçus ; ensuite, s’interroger quant à la compatibilité de ces présupposés entre eux ; enfin, mettre en question le bien-fondé de ces présupposés individuellement.
Lorsqu’on définit l’identité comme la relation que chaque chose entretient avec elle-même, on présuppose le plus souvent plusieurs thèses qui semblent être logiquement impliquées par le principe d’identité, et notamment : que l’identité est une relation d’équivalence à la fois absolue et universelle (tout est nécessairement identique à soi), unique et logiquement primitive (c’est-à-dire inanalysable), indispensable et nécessaire (autrement dit : toute relation d’identité est telle qu’elle ne peut pas ne pas être ou être autrement). Ces différents éléments n’ont toutefois pas la même importance, et l’auteur montre que c’est véritablement la caractérisation de l’identité comme relation qui constitue le cœur de la CSI. Les présupposés engagés par cette conception sont rarement étayés au moyen d’argumentations en bonne et due forme. Vont-ils pour autant de soi ? C’est justement ce que S. Motta conteste, montrant que penser l’identité comme relation n’implique, ni qu’il s’agisse d’une relation d’équivalence, ni qu’elle soit nécessaire, universelle ou absolue.
Mais là où le propos de l’auteur est le plus critique vis-à-vis de la CSI, c’est en ceci qu’il conteste que l’identité soit tout simplement une relation. Selon l’auteur, une telle idée est le résultat d’une confusion à propos du régime logique des expressions ordinaires de l’identité, comme « être le même ». L’erreur est de penser que des expressions de ce genre sont signifiantes par elles-mêmes et qu’il y aurait donc un sens à en faire un usage substantiel. Or de telles expressions sont bel et bien formelles en ceci qu’elles appellent un prédicat. L’analogie avec les termes « seul » et « solitaire » est sur ce point parfaitement éclairante. On est en effet tenté de penser que « être le seul » est une propriété. Or, à la différence de « solitaire », qui est bien une propriété, « le seul » appelle un prédicat, car dire d’un homme qu’il est « le seul », sans autre précision, c’est immanquablement s’exposer à la question « le seul quoi ? ». Si l’on entend par là que « le seul » signifie « qu’il n’y a pas d’autre homme », cela ne saurait néanmoins être considéré comme une propriété de l’homme lui-même. Cette analyse montre qu’une expression comme « être le seul » n’a de sens qu’en fonction du prédicat qu’elle appelle nécessairement. On ne saurait donc en faire aucun usage sensé sans lui. Par analogie, l’auteur parvient à la conclusion qu’aucun usage prétendument substantiel de l’expression « être le même » ne peut avoir de sens, et qu’y voir une relation est l’effet d’une erreur. En parlant d’ « être le même » absolument comme s’il s’agissait là d’une relation, nous ne savons tout simplement pas de quoi nous parlons.
Au terme de cette analyse, il apparaît donc, non seulement que la CSI telle qu’elle se présente habituellement est d’une cohérence douteuse, mais en outre que son fondement même est hautement contestable. La notion d’identité n’est pas un concept substantiel. Dès lors, il faut conclure que les entreprises ontologiques se fondant sur la CSI sont dépourvues de sens.
L’inventaire des étants
Une grande partie de l’effort ontologique consiste, comme nous l’avons indiqué, à produire des inventaires de ce qu’il y a dans le monde. Il ne s’agit bien évidemment pas de produire la liste exhaustive des êtres individuels, mais de les catégoriser. La question « qu’y a-t-il dans le monde ? », en tant qu’elle requiert une réponse théorique, nous demande en effet les différents genres des choses qu’on trouve dans le monde. Catégoriser des choses ne pose habituellement pas de problème particulier et nous disposons le plus souvent pour cela de critères relativement clairs. Ainsi, pour reprendre l’exemple de l’auteur, les boxeurs sont précisément classés en catégories selon leur poids (poids mouches, poids plumes, poids légers, etc., correspondant à des valeurs très précises en kilogrammes). En revanche, la recherche de catégories ontologiques soulève certaines difficultés dans la mesure où, contrairement à la plupart des catégories ordinaires, c’est ce qui rend ontologique une catégorie qui n’est pas clair du tout. On dira que de telles catégories doivent être des catégories de l’être. Mais, en tant que les boxeurs sont, « poids mouche » n’est-il pas une catégorie de l’être ? Certes, mais la recherche ontologique n’a pas pour fin de classer ce qui est, elle a plutôt pour fin d’identifier les articulations essentielles de l’être lui-même. Elle se trouve ainsi animée par le présupposé qu’il existe des catégories se distinguant de toutes les autres par leur importance. Mais de quel critère objectif de leur importance disposons-nous ?
Comme si celui-ci allait de soi, c’est le critère de la généralité qui est le plus volontiers mis en avant, pour une raison simple : dans la mesure où l’être englobe tout ce qui est, les catégories de l’être sont censées être les plus englobantes, donc les plus générales. Or, la critique de S. Motta montre que l’adoption d’un tel critère soulève d’insurmontables difficultés. On peut ici, pour donner une idée du mode d’argumentation de l’auteur, exposer plus particulièrement l’analyse qu’il propose de deux catégories souvent déployées par les ontologues : l’événement et le lieu.
Sur quoi la généralité de ces catégories pourrait-elle être fondée ? Si l’on évoque le critère du nombre, une catégorie est d’autant plus générale qu’elle englobe un nombre suffisant d’« entités » ; mais cette idée superficiellement claire s’avère en fait inopérante. Il paraît intuitivement clair que la notion d’« événement », par exemple, est plus générale que celle d’« explosion » : si toute explosion est un événement, et que tout événement n’est pas une explosion, alors il y a en droit plus d’événements que d’explosions. Mais cette clarté n’est qu’apparente : nous affirmons que les événements sont plus nombreux que les explosions, mais ne pouvons en aucun cas dire de combien. Il faudrait pour cela que nous puissions compter les événements, comme nous comptons les boxeurs. Or, ce qui nous manque pour le faire, c’est justement un critère clair d’identité. La difficulté n’est pas celle de notre pouvoir de connaissance (auquel cas il y aurait par exemple un trop grand nombre d’événements pour que nous puissions les compter), mais elle est d’ordre logique : nous ne savons pas en fait assez clairement ce qu’est en soi un événement, nous ne disposons pas de critères suffisamment clairs permettant de déterminer ce qui est un événement et ce qui n’en est pas.
Nous ne pouvons donc pas faire un usage substantiel d’un tel concept. Or, c’est bien un tel usage substantiel qui est à l’origine de toute entreprise de catégorisation de ce qu’il y a. L’exemple de la catégorie prétendument ontologique de « lieu » permet de comprendre de façon peut-être encore plus frappante les difficultés soulevées par le concept de généralité appliqué à de telles catégories : si « France » paraît plus général que « Nantes », et « Nantes » que « telle rue », « Lieu » est-il plus général que « France » ? On serait tenté de le penser, et néanmoins « telle rue » est un lieu au même titre que « France ». Il n’y a en fait aucune continuité dans une telle hiérarchie, et l’on ne peut donc pas concevoir clairement en quoi « lieu » est une notion plus générale : « je peux certes dire qu’une rue est la rue d’une ville, qu’une ville et la ville d’un pays, mais pas de la même façon, qu’un pays est le pays d’un lieu. » (p. 117) « Lieu » n’est donc pas non plus un concept substantiel.
Cette analyse met en évidence la confusion à l’origine de la plupart des entreprises de catégorisation, et ce faisant, c’est toute une partie de l’ontologie qui se retrouve sans fondement.
Abandonner l’ontologie
La critique de S. Motta porte également sur l’autre volet de l’entreprise ontologique, à savoir l’enquête générale sur la nature de l’être. La thèse de l’auteur touche au cœur de cette entreprise : des questions comme « qu’est-ce qu’un objet ? » ou encore « qu’est-ce qu’une entité ? » sont selon lui dépourvues de sens.
L’impulsion ontologique nous pousse à voir des concepts substantiels en lieu et place de concepts simplement formels, comme si les concepts ne pouvaient avoir de sens qu’en référant à des objets. Cette confusion se manifeste particulièrement dans les débats parfois d’une extraordinaire subtilité sur l’ « existence » ou la « réalité » des êtres de fiction [7]. Bien souvent, ce problème est posé dans les termes de la référence : s’il est difficile de nier l’existence des noms fictionnels (par exemple, il est bien évident que le nom « Sherlock Holmes » existe depuis qu’il a été créé par Conan Doyle), le débat ontologique porte sur l’existence ou le type de réalité de ce à quoi ces noms réfèrent. Réfèrent-ils à « quelque chose », et si c’est le cas, comment peut-on caractériser cette chose ? Les distinctions introduites par S. Motta conduisent à la conclusion qu’un tel problème est tout à fait vide, car mal posé. Les ontologues n’aperçoivent pas que les noms fictionnels ont un comportement logique très différent des noms réels, ce que S. Motta met en évidence à partir d’exemples concrets subtilement analysés. Les noms fictifs ne sont en fait pas du tout des noms, et ce n’est qu’en apparence qu’ils portent sur des individus. Faute d’identifier correctement le régime logique de ces pseudo-noms, bon nombre d’ontologies se trouvent mises en demeure de rendre compte de l’existence ou de la réalité des êtres de fiction, mais il s’agit là d’un pseudo-problème.
C’est en fait la manière dont la plupart des ontologies se réfèrent à la notion de « réalité » elle-même qui pose problème. En s’appuyant notamment sur Austin [8], S. Motta souligne que l’on ne peut pas faire du concept de « réel » un usage plus substantiel que de celui d’identité, ce qui implique que l’adjectif n’est pertinent qu’accompagné d’un substantif, quel qu’il soit. Si l’on peut comprendre « c’est rouge », on ne peut en revanche guère comprendre « c’est réel » sans savoir de quoi il est question. On ne peut donc parler de « la réalité » sans plus de précision. Comprendre le terme positif implique en effet de comprendre le terme négatif : l’adjectif réel n’a de sens qu’à condition de fournir un contraste. Tout le problème est qu’il est impossible de déterminer un réel absolu à partir de son négatif. Pour reprendre l’exemple de l’auteur, un faux fruit est un « vrai » faux fruit, et n’est donc absolument parlant pas moins réel que le fruit comestible. En fait, « il n’y a pas d’usage intelligible de “réel” et “irréel” tout court, i.e. sans l’accompagnement d’un substantif » (p. 362). Cela ne signifie pas du tout que « réel » est dépourvu de sens et que nous ne devrions pas du tout en faire usage ; en revanche, tel qu’il est employé dans certains discours philosophiques qui prétendent avoir saisi la totalité de l’être, il est inintelligible.
Par conséquent, l’ontologie est une entreprise qu’il convient d’abandonner. Si les controverses ontologiques sont stériles, c’est parce que nous ne savons même pas clairement « ce qui est en jeu et ce qui est requis pour que le conflit soit résolu » (p. 318). La controverse ontologique n’est qu’un présumé débat « dans lequel 1/ nous ne comprenons pas les positions qui (supposément) s’affrontent parce que 2/ nous ne comprenons pas la question et 3/ nous ne comprenons pas ce qui permettrait de comprendre la question » (p. 320). L’ontologie ne peut dès lors donner lieu qu’à un discours dénué de sens, prétendant répondre à des apparences de question. Or, la seule réponse qui vaille à de telles questions est de s’en libérer, c’est-à-dire de guérir de l’ensorcellement où nous plongent les confusions grammaticales et l’incompréhension de la logique de notre langue. Comme l’écrivait Wittgenstein – dont l’inspiration est ici manifeste – à propos des questions philosophiques : « Nous ne pouvons donc en aucune façon répondre à de telles questions, mais seulement établir leur caractère de non-sens [9] ».
Conclusion
L’ouvrage de S. Motta est un excellent exemple de ce que devrait être le style philosophique. Loin des effets de manche et des obscurités oraculaires dont trop de philosophes ont fait l’essentiel de leur écriture, l’auteur use ici d’une argumentation probe et soignée, toujours aussi claire que le permet la technicité du propos, appuyée sur des exemples minutieusement analysés, et d’une lecture très agréable. La démonstration, qui fait un usage juste et maîtrisé des ressources de l’analyse logique, est très convaincante et accessible. La perspective défendue par S. Motta n’est toutefois pas sans précédent, car les critiques de la métaphysique n’ont pas attendu notre époque pour en identifier les sources dans les confusions de notre langage. Si ce sont avant tout les arguments que l’auteur met en avant, il apparaît que nombre d’entre eux ont déjà été formulés par le passé. Si l’esprit de l’ouvrage est de part en part wittgensteinien, l’auteur emprunte aussi d’importantes distinctions conceptuelles à Carnap, à Austin, à V. Descombes, et prolonge le meilleur d’une tradition qui remonte au moins à l’époque moderne, à travers les figures de Hobbes et de Locke. De ce point de vue, l’ouvrage constitue une synthèse précieuse et sa présentation renouvelle efficacement la critique d’un domaine de la philosophie dont l’expansion contemporaine présente parfois les aspects d’une bulle spéculative.
Sébastien Motta, Le Mélange des genres, Critique de l’ontologie par l’élucidation du concept d’identité, Paris, Classiques Garnier, coll. « Philosophies contemporaines », 2021, 419 p., 46 €.
Cédric Mouriès, « L’enquête sur l’être »,
La Vie des idées
, 12 janvier 2023.
ISSN : 2105-3030.
URL : https://booksandideas.net/Sebastien-Motta-Le-Melange-des-genres
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[1] Aristote, Métaphysique, Γ, 1 (1003a21), trad. A. Jaulin et M.-P. Duminil, Flammarion, Paris, 2008.
[2] Voir par exemple le fameux article de W.V.O. Quine, « De ce qui est » (1948), in Du point de vue logique, trad. J. Vidal-Rosset, S. Laugier et Ph. De Rouilhan, Vrin, Paris, 2003, p. 25-48, qui semble avoir ranimé le débat ontologique autour de cette question.
[3] Telle que l’auteur l’emploie, cette distinction rappelle l’opposition catégorématique/syncatégorématique.
[4] La distinction formel/substantiel ne recoupe donc pas la distinction transitif/intransitif.
[5] Il s’agit bien sûr de l’identité au sens d’un principe logique et non pas au sens culturel ou social de l’identitaire.
[7] Sur ce point, S. Motta vise en particulier Kripke, pour qui les entités fictionnelles existent parce qu’elles sont bel et bien dotées d’une réalité ontologique. Cette position est défendue dans ses John Locke Lectures ; voir Saul Kripke, Reference and Existence, Oxford University Press, 2013.
[8] John Langshaw Austin (1911-1960) est, en dépit d’une œuvre relativement mince et posthume, interrompue par une mort prématurée, l’un des plus importants philosophes du XXe siècle même s’il reste relativement mal connu en France. Il est l’un des promoteurs de la philosophie dite du langage ordinaire, à travers des ouvrages comme Quand dire, c’est faire, trad. G. Lane, le Seuil, 1991 (en version originale : How to do Things with Words, Oxford University Press, 1962) ou encore des articles auxquels les philosophes contemporains reviennent volontiers, tant les analyses qu’ils contiennent frappent par avance d’inanité les développements parfois scolastiques dans lesquels la philosophie analytique postérieure s’est aventurée (Voir J. L. Austin, Écrits philosophiques, trad. L. Aubert et A.-L. Hacker, Le Seuil, 1994).
[9] Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, éd. S. Laugier, trad. C. Chauviré et S. Plaud, Garnier-Flammarion (Paris, 2021). proposition 4.003, p. 120-121.