L’enfance marginale et inadaptée (orphelins, vagabonds, délinquants) a une histoire : celles des condamnations dont elle a fait l’objet, mais aussi celles des études qu’elle a suscitées et celle des institutions qui l’ont prise en charge.
À propos de : Michaël Pouteyo, Fernand Deligny, enfant et institution. Pour une histoire de l’enfance en marge, ENS Éditions
L’enfance marginale et inadaptée (orphelins, vagabonds, délinquants) a une histoire : celles des condamnations dont elle a fait l’objet, mais aussi celles des études qu’elle a suscitées et celle des institutions qui l’ont prise en charge.
Depuis Platon, en passant par Locke, Rousseau et, plus récemment, Gareth B. Matthews [1], l’enfance constitue un objet philosophique bien installé dans le paysage intellectuel. En revanche, « l’enfance en marge », comme l’appelle Michaël Pouteyo, apparaît comme le parent pauvre de la philosophie, alors qu’elle est très étudiée chez les psychologues, les spécialistes en science de l’éducation ou encore les professionnels qui œuvrent dans le travail social. Précisons toutefois que, si les études philosophiques sur ce sujet sont rares, elles ne sont pas non plus totalement inexistantes [2]. Le riche et stimulant ouvrage de M. Pouteyo, Fernand Deligny, enfant et institution. Pour une histoire de l’enfance en marge, vient très utilement combler ce manque.
Préfacé par Michel Chauvière, ce livre très dense, entend rendre raison des pratiques et des discours qui gravitent autour de celles et ceux que la société a longtemps tenu à l’écart. « Fous », « orphelins », « délinquants », « inadaptés », « vagabonds », ces enfants regroupés par M. Pouteyo sous la rubrique « enfants en marge » occupent une place singulière dans le corps social, en ce qu’ils apparaissent comme des corps étrangers et incompréhensibles, menaçant l’équilibre intellectuel et moral de la société.
Malgré son titre, le livre n’est pas exclusivement consacré à Fernand Deligny (1913-1996), même si la figure du grand éducateur et théoricien est centrale. Le sous-titre dit mieux l’objet du livre : une histoire de l’enfance en marge. Cette histoire se décline en deux parties : « Comment lire l’histoire de l’enfance inadaptée ? », « Comment écrire l’histoire de l’enfance en marge ? ». Le lecteur est immédiatement sensible à la dissymétrie de ces deux formules : l’histoire « à lire » porte sur « l’enfance inadaptée » (concept que le livre critique), l’histoire « à écrire » porte sur « l’enfance en marge » (concept employé par M. Pouteyo). Chacune des deux parties est structurée en deux chapitres : « Deligny et l’enfant en marge, tentative de constitution d’un objet philosophique » (chapitre 1) ; « L’histoire du domaine : entre rupture et continuité » (chapitre 2) ; « La formation d’une langue et d’une grammaire » (chapitre 3) ; et enfin « Deligny et le travail social : le travail de l’œuvre » (chapitre 4). Deligny est ainsi le point de départ et le point d’arrivée de cette histoire qui va du début du XXe siècle aux années 1960, le « fil conducteur » de la réflexion menée dans le livre (p. 15).
Mais de quelle histoire s’agit-il ? M. Pouteyo distingue trois manières de faire de l’histoire des pratiques sociales (p. 18-24) : l’histoire « par le haut », centrée sur les textes, les lois, les décrets régissant le domaine étudié, et quelques personnages principaux ; « l’histoire locale », qui s’appuie sur des documents moins prescriptifs, des correspondances, des témoignages, des archives publiques ou privées, des biographies, les personnages étudiés sont plus nombreux et plus variés (Georges Heuyer p. ex.) ; enfin « l’histoire par le bas », qui part de « la réalité éprouvée par les individus concernés » (p. 22), qui s’attache à la « réalité existentielle », « envers du décor » institutionnel. M. Pouteyo ne choisit pas l’une de ces méthodes historiques contre les deux autres, mais use des trois approches. Cela étant précisé, il faut tout de suite dire que l’objet du livre n’est pas unique. Pouteyo entend à la fois étudier les rapports entre les pratiques et les discours, étudier les idéologies sous-jacentes à ces pratiques et à ces discours, étudier enfin les institutions en charge des enfants « en marge », avec leur galerie de personnages assez divers gravitant dans le même « domaine » que Deligny, « héraut de l’enfance en marge, provocateur et libertaire » (p. 27). Mais l’ambition du livre ne s’arrête pas à cette triple enquête, puisque M. Pouteyo entend également s’interroger sur la place possible de la philosophie dans la recherche sur le travail social, et contribuer à la constitution d’une « histoire des idées matérialiste », thème auquel est consacré la conclusion du livre (p. 359-372). Son insistance sur la dimension corporelle (et non pas seulement comportementale) de la question éclaire ce matérialisme revendiqué : « Le corps des enfants en marge n’est plus totalement le leur : c’est celui des mauvais traitements qui se dessinent en cicatrices, celui des taudis qui déforment le développement des statures, celui de la misère qui affaiblit les muscles ou fait durcir les poings. [...] Le corps revient à sa matérialité » (p. 363).
L’ambition du livre n’est donc pas de déterminer une prétendue essence de l’enfance en marge, pas plus qu’elle ne prétend prescrire ce qu’il convient de faire pour prendre en charge ces enfants hors-normes. Le projet se déploie à partir de deux concepts centraux : l’enfant et l’institution. Ces deux concepts ne sont pas indépendants l’un de l’autre, ils fonctionnent ensemble dans un jeu dialectique où le premier travaille le second et réciproquement. L’enfance en marge appelle la mise en œuvre de dispositifs institutionnels, lesquels évoluent au gré du temps et, symétriquement, l’institution tend à façonner l’enfant et, par voie de conséquence, elle contribue à engendrer des représentations de l’enfance, aussi bien de l’enfance en marge que de l’enfance en général, empreintes d’idéologie (concept central, nous l’avons noté).
Ce lien n’est pas de nature métaphysique (comme s’il existait une essence de l’enfance). C’est pourquoi la démarche de l’auteur s’inscrit dans une démarche historique. L’ouvrage, très documenté, ne fait pas de la recherche historique un simple moyen d’illustrer son argumentation. Le recours à l’histoire, et en particulier à l’histoire des institutions qui s’occupent des enfants inadaptés, est nécessaire pour comprendre la manière dont la figure de l’enfant et l’institution se construisent. M. Pouteyo, on l’a dit, se revendique d’une « histoire des idées pleinement matérialiste » (p. 17). Cette revendication a deux faces : éclairer l’histoire et les représentations de l’enfance en marge, mais aussi, réflexivement, exposer ce que peut être une conception matérialiste de l’histoire des idées ; sous cet aspect, le livre relève pleinement de la philosophie. La réflexion épistémologique sur le statut des idées en philosophie et sur leur rapport intrinsèque au réel permet de dégager trois caractéristiques. D’une part, les idées s’incarnent dans l’expérience effective des individus qui les produisent et les soutiennent. D’autre part, les idées prennent concrètement forme dans un « langage déterminé ». Enfin, les idées s’insèrent dans un réseau structuré par d’autres idées, issues de champs aussi divers que la politique, la religion et la morale ou encore les sciences. Cette logique d’« agencement » contribue à « former une idéologie » (p. 17). Ce rapport concret aux idées et à la pensée n’est sans doute pas non plus étranger au riche parcours de l’auteur qui, en sus de son activité de philosophe et de chercheur, exerce le métier d’éducateur (voir la préface de Michel Chauvière, p. 9).
Fernand Deligny occupe une place particulière au regard de l’histoire des institutions de l’enfance en marge. C’est pourquoi Michaël Pouteyo lui accorde une place décisive dans sa démarche : « Cette recherche est partie du travail et des œuvres de Fernand Deligny » (p. 15). Cette filiation intellectuelle, on l’a vu, n’implique pas que l’ensemble de l’ouvrage soit consacré à la pensée du célèbre éducateur. L’origine n’est pas la destination. Ce livre n’est pas une monographie, comme le rappelle rétrospectivement l’auteur dans sa conclusion : « Il ne s’agissait pas tant de restituer son parcours [de Deligny] ni d’exposer l’ensemble de son œuvre […] que de permettre de le faire comprendre dans le contexte matériel et idéologique où son travail a vu le jour » (p. 360).
Le choix du titre de l’ouvrage traduit une décision philosophique : l’histoire des institutions ne suit pas un ordre linéaire. Cette histoire, dynamique et processuelle, est le produit des divergences et des conflits aussi bien que des alliances qui opposent ou unissent les différents acteurs de la rééducation. Dans cette perspective, l’institution ne se manifeste plus comme une réalité abstraite qui s’imposerait d’en haut, mais comme la résolution provisoire, et sans cesse renégociée, de certains problèmes qui ont émergé dans l’espace social. Comme le précise l’auteur : « Avant que l’Aide sociale à l’enfance, la Protection judiciaire de la jeunesse et les agences régionales de santé ne se partagent la prise en charge des enfants en difficultés sociales, judiciaires ou cognitives, il a fallu que les enfants en marge soient identifiés comme une population susceptible d’avoir des problèmes » (p. 26).
Or, Fernand Deligny, par sa position dans le monde du travail social comme par son positionnement philosophique, concentre, pour ainsi dire, une partie importante de l’histoire mouvementée de l’enfance en marge qui s’est écrite entre les années vingt et les années soixante, période centrale des analyses de M. Pouteyo. Nous pourrions dire du nom de Deligny ce que M. Pouteyo écrit au sujet de l’individu chez Deligny : un nom propre signifie beaucoup plus que l’individu qui le porte, il renvoie aux réseaux de relations et d’interactions dans lesquels cet individu est à la fois pris et agissant [3]. L’individu peut être celui par qui le scandale arrive et qui, de ce fait, devient le symbole de tout un groupe ; ainsi la mort scandaleuse de Roger Abel le 1er avril 1937, après avoir été mis à l’isolement pendant cent cinquante-trois jours, rappelle les conditions terribles dans lesquels vivent tous les enfants qui résident dans la même structure, l’Institut pénitentiaire de Eysses. Comme l’écrit M. Pouteyo : « Loin de ne porter qu’un seul nom, il [l’individu] en porte plusieurs » (p. 239). Ce qui vaut pour les enfants en marge vaut aussi pour Deligny, ce philosophe de « l’autre pôle » ou « de l’autre côté » (p. 301). Il faut toutefois noter une différence essentielle. Pour les enfants inadaptés, le principe onomastique a une fonction d’unification sur fond d’une communauté de partage puisque les enfants vivent dans des conditions équivalentes. En revanche, le nom de Deligny concentre également tous les acteurs institutionnels contre lesquels tout son travail s’inscrit en faux et contre lesquels il s’oppose. Ces différents acteurs sont nombreux et appartiennent à des corps de métier très différents : pédopsychiatres, psychanalystes, magistrats, journalistes, reporters. Si tous ces acteurs s’occupent d’un même objet (l’enfance inadaptée ou plutôt « en marge »), et si tous contribuent à l’élaboration de cet objet ou de ce que l’auteur nomme le « domaine », il serait illusoire de penser que ce dernier se serait constitué comme un tout homogène et lisse. C’est pourquoi M. Pouteyo parle de « territoire », terme qu’il emprunte à Andrew Abbott, mettant ainsi en lumière toute la complexité qui est à l’œuvre dans l’histoire de l’éducation spécialisée.
Parmi ces très nombreux acteurs du domaine, deux occupent le devant de la scène, et ce jusque dans les années soixante (voir p. 95) : le juge et le médecin.
En France, la prise en compte spécifique de l’enfance inadaptée par le corps médical s’inscrit « au fil de trois contextes historiques et politiques aussi différents que le Front populaire, le régime de Vichy ou la France du Tripartisme » (p. 102). C’est au sein de cette périodisation que naît une discipline spécifique au traitement de l’enfance inadaptée : la neuropsychiatrie infanto-juvénile (NPI), principalement initié par le Docteur Gorges Heuyer (1884-1977).
Alors qu’au début du XXe siècle, c’est à l’institution scolaire que revient la prise en charge de tous les enfants quels qu’ils soient, commence peu à peu à se poser la question du « tri » entre les élèves « normaux », les « enfants dits anormaux mais cependant éducables » (p. 106) et celles et ceux dont les troubles psychiatriques sont tels qu’ils relèvent de l’autorité des structures médico-sociales. C’est dans ce contexte que le médecin est chargé d’opérer un tri, notamment au moyen de test de QI, entre les élèves et de déterminer la place de chacun (classes ordinaires, classes de perfectionnement, asile, instituts médico-pédagogiques).
Mais l’histoire de l’enfance inadaptée est aussi celle de l’enfance délinquante : on passe facilement de l’enfance inadaptée à « l’enfance dite coupable » (titre d’un livre de Henri Joubrel). C’est pourquoi la figure du juge apparaît également comme essentielle. « En une trentaine d’années […], l’éducation surveillée se structure fortement, autour de la place et de la fonction du juge pour que naisse un empire dans un empire : la justice des mineurs au sein de la justice elle-même » (p. 108).
Ces deux juridictions (celle de la médecine et celle de la justice) ne sont pas hermétiques. C’est dans cette perspective que le docteur Heuyer associe l’anormalité et la délinquance. « Détecter les anormaux, c’est ainsi mettre en parallèle et sur un même plan anormalité et délinquance et peut-être, par une activité prophylactique suffisamment précoce, empêcher ces constitutions dégénérées de passer à l’acte » (p. 114).
Outre le monde du droit et celui de la médecine, la constitution progressive du domaine relatif à l’enfance en marge s’explique aussi, de façon assez étonnante, par une autre institution : le scoutisme. C’est en puisant dans les méthodes du scoutisme que le travail de la rééducation va s’élaborer et va contribuer à l’émergence d’un nouveau métier : le métier d’éducateur. Cette influence du scoutisme est essentiellement due à Henri Joubrel (1914-1984), magistrat de formation, journaliste et cadre chez les Éclaireurs de France (qui sont la version laïque du scoutisme français, à côté des scouts catholiques et des scouts protestants). L’influence du scoutisme ne tient pas tant au mode d’organisation inhérente aux méthodes du scoutisme (rôle du groupe, responsabilisation de l’individu au sein du groupe, mystique du chef et l’importance du corps) [4] qu’à une certaine conception morale de l’enfant, qui repose sur un principe développé par le fondateur du scoutisme, Baden-Powell, selon lequel « il s’agit de trouver et de faire fructifier “les cinq pour cent de bon” présents dans chaque enfant pour l’appliquer aux enfants en danger » (p. 145).
Fernand Deligny critique ce cadre, les institutions et les pratiques qui lui sont associées ; c’est pourtant en référence à ce cadre théorique et idéologique contesté que M. Pouteyro entend comprendre le travail de Deligny. La pensée de Deligny se comprend aussi par son opposition aux idées qui circulent dans le milieu de l’enfance dite « inadaptée ». « Neuropsychiatrie infantile et scoutisme permettent de suivre les principaux personnages du domaine de l’enfance en marge, leurs alliances et leurs oppositions, les lignes de force que leurs oppositions dessinent. L’enfance en marge ou le domaine de l’enfance inadapté, en tant qu’institution, se construit par le travail et l’engagement de certains individus dont l’action opère à différents niveaux : technique, scientifique, pratique, législatif, politique » (p. 197).
Ce qui apparaît fondamentalement dans le croisement de toutes les disciplines qui ont pour objet l’enfance en marge, c’est la mise en forme d’une langue et d’une manière d’écrire l’enfance en marge qui varie selon les époques. M. Pouteyo insiste beaucoup sur la question des noms et des désignations, sur l’usage de la langue, sur l’écriture. « L’une des convictions de ce travail est que des époques, des institutions, des idéologies différentes s’énoncent avec des modes d’écritures différents. Pour le dire autrement, et à la manière de Deligny, il s’agit de “s’y retrouver” dans les mots de l’époque, dans ce qu’ils disent des idéologies qui s’y affrontent, des idées qui y ont cours, et qui structurent ensuite les pratiques dans les institutions » (p. 199). Ce point est important, car c’est cette dimension pour ainsi dire performative du langage qui fonde pour M. Pouteyo la légitimité philosophique de son entreprise [5].
L’articulation entre langage et institution traverse l’ensemble de l’ouvrage, mais c’est dans la deuxième partie du livre que l’on peut en mesurer toute l’ampleur, notamment au regard de la critique délinéenne. La critique de l’institution par Deligny se construit par la mise au jour des mots qui se constituent au sein de l’institution et qui, en retour, la constituent en tant que telle.
Si Deligny est connu pour ses initiatives et ses expérimentations dans le domaine de l’enfance en marge, que ce soit par exemple au Centre d’observation et de triage (COT) à Lille ou encore dans les Cévennes où il s’installe avec des jeunes enfants autistes, son originalité est surtout marquée par la singularité de son écriture. M. Pouteyo l’analyse sous le prisme de trois volets : l’adresse, la forme et le style, le ton. Par ses écrits, et en premier lieu Graine de crapule (1945), Deligny devient un nom pour une génération d’éducateurs, mais aussi le nom d’une nouvelle philosophie de l’enfance qui exclut toute forme de catégorie close et rigide, et qui débusque, dans les mots figés de l’institution tout ce qui contribue à ce geste essentialisant. Deux ans après Graine de crapule paraît un autre livre, Les vagabonds efficaces (1947), récits du Centre ouvert de triage de Lille, où entrent et sortent « voyous, fugueurs, caractériels, fraudeurs », auxquels il s’agit d’abord de donner un langage, c’est-à-dire des mots qui aident.
Par la diversité de ses objets, par la richesse de son information et son ambition à la fois historique, philosophique, épistémologique et anthropologique, le livre de M. Pouteyo intéressera aussi bien les chercheurs en sciences sociales, les philosophes, les lecteurs de Deligny, et plus généralement ceux que troublent et préoccupent les enfants et adolescents qui vivent et souffrent « en marge » des représentations convenues et stéréotypées de l’enfance. On ne peut pas penser l’enfance sans penser ses marges, et il faut pour cela se défier des mots qui ferment l’accès à la réalité alors qu’ils devraient l’ouvrir.
par , le 29 août
– Fernand Deligny, ou l’art d’être hors sujet, par Pascal Sévérac
Nassim El Kabli, « L’enfance hors-norme », La Vie des idées , 29 août 2024. ISSN : 2105-3030. URL : https://booksandideas.net/L-enfance-hors-norme
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[1] Voir Gareth B. Matthew, Philosophie de l’enfance, trad. Pierre Audran, Paris, Vrin, 2024.
[2] . Voir par exemple Pierre-François Moreau (qui a dirigé la thèse de Michael Pouteyo), Deligny et les idéologies de l’enfance, Paris, Retz, 1978 ; Catherine Perret, Le tacite, l’humain. Anthropologie politique de Fernand Deligny, Paris, Seuil, 2021.
[3] Pour une analyse de la conception de l’individu chez Deligny, voir la très éclairante p. 328 : « entre son intériorité et sa détermination institutionnelle l’individu se comprend dans ses relations, dans ses contextes, dans ses activités, dans sa manière de se tenir dans le monde, dans ce monde qu’il a en commun avec des enfants en difficulté ».
[4] Ces quatre caractéristiques sont exposées par M. Pouteyo à la p. 134.
[5] « L’institution ne s’installe pas uniquement grâce à la matérialité qui la sous-tend, ni par les idéologies qui la traversent, elle se montre aussi dans les mots qui sont les siens et dans lesquels se croisent ces deux dimensions. Raison pour laquelle l’examen philosophique se révèle plus propice qu’un autre pour croiser ces deux domaines de réalité et révéler la manière dont ils s’incarnent dans la réalité d’une langue », p. 269.