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La Revue de l’OFCE fête ses 25 ans

lundi 3 décembre 2007



par Maya Beauvallet

Un numéro spécial de plus de 633 pages de la Revue de l’OFCE célèbre les 25 années de son existence.

Le numéro débute avec un article de Jean-Paul Fitoussi [1], professeur à l’IEP, président de l’OFCE et directeur de la revue, qui retrace les 25 années et les 101 numéros qui ont précédés. Créée par Jean-Marcel Jeanneney en 1982, la revue de l’OFCE fut soutenue par de nombreux économistes, chercheurs et hommes politiques parmi lesquels René Rémond, Jean-Claude Casanova ou d’Edmond Malinvaud, et s’appuie bien entendu sur l’ensemble des chercheurs de l’OFCE et sur la Fondation des sciences politiques. L’Observatoire, créé à l’initiative de Raymond Barre en 1981, avait pour objectif d’éclairer les gouvernements et les entreprises sur leur environnement économique. La revue s’est par conséquent positionnée sur les questions d’évaluation des politiques publiques, dans une approche résolument macroéconomique. Ainsi, l’une des originalités de la revue est probablement d’avoir réussi à concilier exigence académique et pédagogie, et de cette manière d’être lue à la fois par le milieu académique et les étudiants ou les médias. La revue a également réussi à garder une ligne éditoriale et de recherche cohérente en développant une approche keynésienne de la macroéconomie.

Ce numéro spécial, dont l’ensemble des articles a été rédigé par des chercheurs de l’OFCE, est, bien plus qu’un moment d’autosatisfaction, un point sur le développement de la macroéconomie moderne.

On peut néanmoins regretter qu’un nombre important d’articles ne soient pas des contributions originales mais des reprises ou des traductions d’articles, de conférence ou d’extrait de chapitres.

Ainsi le numéro s’ouvre avec la conférence faite par Edmund Phelps lors la remise de son prix Nobel. La reprise de cette conférence et sa traduction ont le mérite de faire connaître les apports de Phelps à la macroéconomie moderne. Celui-ci revient sur ces deux articles fondateurs de 1968 sur les déséquilibres et le chômage, et de 1967 sur la politique monétaire. Comme le signale ironiquement le prix Nobel lui-même, son modèle initial de 1968 a été mal compris et celui de 1967 est passé inaperçu alors qu’on y trouve l’essentiel des intuitions de Phelps et une approche originale et révolutionnaire de la macroéconomie moderne. Phelps revient surtout sur sa rupture avec l’approche en termes d’anticipations rationnelles qui néglige la prise en compte de l’incertitude et de l’information imparfaite des agents économiques, deux notions fondamentales pour comprendre les hommes et l’économie moderne. Il revient également sur ses points communs et ses divergences avec Friedman et avec Keynes.

La suite du numéro est structurée en quatre parties. La première, « Macroéconomie : théories et politiques », présente les débats actuels qui traversent la macroéconomie. Signalons dans cette première partie, l’article de Fitoussi, « La Fin de l’histoire (économique) », qui revient sur le malthusianisme ou le pessimisme de Keynes. Est-ce que la croissance économique peut avoir une fin ? Est-ce que les besoins de l’homme sont finis ? Keynes avait répondu par l’affirmative à ces deux questions.

La deuxième partie porte sur la globalisation et la gouvernance mondiale. L’article d’Aglietta et Le Cacheux présente dans un langage très clair un modèle développé par l’OFCE, le CEPII et le CEPREMAP, modèle dit INGENUE, qui fournit un cadre internationale analytique, non monétaire, de long terme, pour simuler l’effet de diverses politiques publiques. C’est l’occasion de rappeler que l’OFCE est l’un des rares endroits, avec le CEPII ou la DGTPE, à posséder cette expertise des modèles macroéconomiques.

La troisième partie, qui constitue le cœur du numéro, est consacrée à l’Europe et représente ce qui fait l’originalité de l’OFCE et de son président dans le débat autour des politiques monétaires. Les 5 articles reviennent sur les limites de la politique monétaire menée par la Banque centrale et la nécessité de penser une politique budgétaire, fiscale, de recherche et environnementale pour construire l’Europe.

Enfin, la dernière partie pose les questions d’inégalités, de justice et solidarités. Signalons, l’article de Milewski sur les inégalités hommes/femmes et celui d’Elbaum sur les conceptions de l’égalité aux fondements du système de protection sociale.

Notes

[1Ndlr : Jean-Paul Fitoussi est membre du conseil scientifique de laviedesidees.fr


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